Semaine de rebond marqué, aux Etats-Unis notamment, grâce aux propos enthousiastes sur la demande du patron d’Nvidia, ainsi qu’à l’assouplissement monétaire en cours.
Une victoire démocrate permettrait-elle d’investir de nouveau dans l’industrie photovoltaïque ?
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, l’indice NFIB (sentiment des PME)
affiche une baisse notable. Les prix à la consommation ont augmenté de 2,5%
en août (2,9% en juillet), se rapprochant de la cible de la Fed, et la croissance
des prix à la production enregistre également un tassement (+1,7% en glissement
annuel en août). Les nouvelles inscriptions au chômage augmentent un peu par rapport
au chiffre révisé de la semaine dernière (230 000 vs 228 000). Le déficit
fédéral dépasse très largement les attentes (380 Md$ de déficit en août), et l’indice
de confiance du consommateur de l’université du Michigan pour septembre
surprend positivement. L’administration Biden travaillerait sur une proposition
de fonds souverain, dont Trump a également parlé pendant sa campagne, et
qui aurait pour objectif de « contrer la mainmise des adversaires des
Etats-Unis sur des matériaux critiques et les technologies émergentes ». Quant
au débat présidentiel, je vous renvoie à nos considérations d’été,
diversement appréciées, sur les primates et note qu’il vaut à Kamala l’appui de
Taylor Swift, childless
cat lady.
En Europe, la confiance des investisseurs (indice
Sentix) baisse de nouveau. La BCE baisse son taux de dépôt de 0,25% (à 3,5%) et
évoque une baisse en octobre en cas de sérieux ralentissement de l’économie,
avec une préférence néanmoins pour décembre. Elle réduit également les
objectifs de croissance de la zone € (de 0,1%, soit 0,8% en 2024, 1,3% en 2025
et 1,5% en 2026). Le revenu disponible réel a augmenté presque deux fois plus
aux Etats-Unis qu’en Europe depuis 2000. Alors que nous entrons dans une
période caractérisée par une baisse de la population active, la croissance
requiert une hausse de la productivité via l’investissement dans la technologie
(et une réglementation moins restrictive et plus constante), une décarbonation
qui prenne en compte la dynamique concurrentielle, et la réduction des
dépendances extérieures (défense et matériaux critiques). C’est le constat
de Mario Draghi, qui estime que pour numériser, décarboner et augmenter les
capacités de défense il faudrait investir 5% du PIB, 3 à 5 fois le plan
Marshall. Avec à la clef le sauvetage du modèle démocratique et social
européen. Et peut-être une inversion des plus de 15 ans de sous-performance de
la cote européenne par rapport au marché US.
Le PIB japonais a progressé de 2,9% au deuxième
trimestre (en glissement annuel). L’indice Tankan (sentiment dans l’industrie)
reste en territoire positif mais baisse fortement en raison des inquiétudes sur
la demande chinoise.
En Chine, les prix à la consommation augmentent de
0,6% en août, tandis que les prix à la production baissent de 1,8%. Les
exportations accélèrent (+8,7% en août) tandis que les importations calent
(+0.5%). On oublie l’espoir de rééquilibrage vers la demande interne. Pour
s’adapter à la nouvelle donne démographique (solde naturel négatif depuis 2022
et allongement de l’espérance de vie), le gouvernement annonce relever l’âge
de la retraite de 60 à 63 ans pour les hommes, de 50 à 55 ou 58 ans pour
les femmes. C’est la première hausse depuis 1978, elle sera mise en place sur
une période de 15 ans, et elle rencontre le même succès qu’ici. Enfin, PwC se
voit imposer 62 M$ d’amende et une suspension de 6 mois en raison de son audit déficient
des comptes du promoteur China Evergrande.
La demande de pétrole a fortement ralenti au premier
semestre selon l’Agence Internationale pour l’Energie, en raison du
ralentissement chinois et de l’augmentation de l’usage des véhicules
électriques. L’agence anticipe un marché en surproduction en 2025, même si
l’OPEP prolonge ses coupes de production.
1,2 Md$ sont sortis des ETF bitcoin pendant la
première semaine de septembre.
Micro 🔬
Les marchés ne font pas grand cas de la présentation des dernières nouveautés d’Apple, y compris l’iPhone 16 avec IA intégrée.
Berkshire Hathaway poursuit l’allègement de sa position en Bank of America, avec plus de 200 M$ de cessions cette semaine, portant le total à 7,2 Md$. Le conglomérat détient encore 11% du capital de la banque.
Semaine décidément compliquée pour les banques : le CEO de Goldman Sachs déclare que les revenus de trading de la banque pourraient baisser de 10% au troisième trimestre, Bank of America signale que les revenus de la banque d’investissement seront inférieurs au consensus, et le président de JP Morgan déclare que les analystes sont trop optimistes dans leurs prévisions de dépenses et de marge d’intérêt pour 2025. Une bonne nouvelle quand même, la Fed envisage d’imposer un renforcement de 9% des fonds propres des banques systémiques, moins que les 19% précédemment envisagés.
Le fabricant de logiciels Oracle relève ses objectifs 2026 et se fixe un objectif ambitieux pour 2029 (104 Md$ de chiffre d’affaires vs 66 Md$ en année fiscale 2026) grâce au succès de son offre d’infrastructure cloud.
Dell Technologies et Palantir vont bientôt rejoindre le S&P500, remplaçant Etsy et American Airlines. Le co-fondateur de Palantir, Peter Thiel, rend publique la vente programmée de près de 30 millions d’actions de la société (environ 1Md$) d’ici fin 2025.
Rebond marqué d’Nvidia en milieu de semaine grâce aux propos optimistes de Jensen Huang lors de la conférence Communacopia organisée par Goldman Sachs : la demande pour le dernier processeur de la société, Blackwell, est si forte dans un contexte d’offre encore limitée que les relations avec les clients sont « tendues ».
La série noire continue pour Boeing alors que ses ouvriers se mettent en grève (votée à 95%) pour la première fois en 16 ans ce vendredi. Avec une note de crédit à un cran de la catégorie spéculative, la marge de manœuvre du constructeur aéronautique est limitée.
Adobe perd 10% à l’annonce de ses résultats trimestriels, plutôt bons mais assortis d’objectifs pour le trimestre prochain qui impliquent que l’ajout d’intelligence artificielle à Photoshop ou Illustrator n’augmente pas les ventes. Un thème qui va devenir récurrent : les investisseurs attendent de voir un retour sur les investissements massifs des entreprises dans l’IA.
La cour de justice européenne confirme qu’Apple doit payer 13 Md€ d’arriérés d’impôts à l’Irlande, et Google perd en appel contre l’UE et doit s’acquitter de 2,4 Md$ d’amende pour abus de position dominante, et entame son deuxième procès contre le Department of Justice américain. Celui-ci lui reproche son monopole sur le marché de la publicité, et pourrait imposer la cession de la plateforme Google Ad Manager.
Alimentation Couche-Tard persiste dans son intention d’acquérir Seven & i, et devrait donc relever son offre.
HSBC envisage de réunir ses activités d’investissement et commerciales afin de réduire ses coûts.
Unicredit prend 9% du capital de Commerzbank, devenant le deuxième actionnaire de la banque allemande.
L’industrie allemande est toujours à la fête : BMW fait un avertissement sur résultats et le chimiste Covestro serait sur le point de se faire racheter par Abu Dhabi National Oil Co pour 14,4 Md€ selon le FT.
Selon Pitchbook, la collecte des fonds de capital-risque est en phase de stabilisation à environ 1700 Md$ au cours des 12 mois à fin juin, un plus-haut de deux ans.
La minute innovation 🧚🏻
Nous évoquions la semaine dernière la prochaine levée valorisant OpenAI à 100 Md$. On parle désormais d’une levée de 6,5 Md$ (et 5 Md$ de dette) sur une valorisation de 150 Md$. La société lance o1 (connu sous le nom de Q, puis Strawberry en interne), doté de capacités de raisonnement avancées.
La première sortie dans l’espace opérée par une société privée (Space X) a eu lieu cette semaine.
Pour 1385$ par mois pendant 48 mois, ce robot, Isaac, fait le café, la lessive et autres corvées ménagères. Disponible fin 2025, et Y Combinator y croit.
Nouveau record du monde pour la Chine avec le plus grand show de drones. Magique.
Plein soleil ☀️
L’avantage perçu (on serait tenté d’écrire réel) de Kamala Harris sur Donald Trump lors du débat de cette semaine a amené un peu de répit aux titres d’énergies renouvelables, dont nous avions déjà évoqué la contre-performance il y a quelques mois (Panne d’énergie). Y compris à ceux du solaire, où les ETF d’Invesco et Global X pour ne citer que les meilleurs tickers (TAN et RAYS 😎) reprennent des couleurs. Cette semaine également, le Lancet annonce que sept des huit limites planétaires ont été franchies. Pas de doute, il faut agir.
Le photovoltaïque représentait en 2022 4,5% de la génération globale d’électricité, en faisant la troisième technologie derrière l’hydroélectrique et les éoliennes. C’était la seule source d’énergie en phase avec la trajectoire Net Zéro2050 de l’IEA en 2023, avec un besoin de capacités additionnelles chiffré par l’agence à un triplement entre 2022 et 2030.
Pourtant, l’industrie souffre : une centaine de faillites de grossistes/installateurs aux Etats-Unis en 2023, probablement autant en 2024, dont celle de Sunpower. Le producteur et installateur de panneaux solaires américain fondé en 1985, coté au Nasdaq avec une valorisation supérieure à 7 Md$ aussi récemment que 2021, et dont Total Energies est actionnaire majoritaire, s’est mis sous la protection de la loi des faillites début août. Les sources du problème : l’impact de la hausse des taux sur le crédit-bail, la baisse des prix de rachat de l’électricité aux particuliers (en Californie cette année par exemple), l’impact des hausses de droits de douane, et des pratiques commerciales douteuses (cf cet article résumant bien les difficultés de l’industrie aux US), voire une comptabilité défaillante dans le cas de Sunpower.
Sans compter l’impact de la Chine, où de nombreux fabricants de panneaux et opérateurs de fermes solaires, parfois cotés, sont au bord de la faillite en raison d’un marché en large surcapacité, et qui exporte ses difficultés, en bénéficiant parfois de subsides de l’Occident : via des filiales et des jv, les entreprises chinoises devraient produire assez de panneaux solaires sur le sol américain (donc subventionnés dans le cadre de l’IRA) à base de composants chinois pour répondre à la moitié de la demande.
On pourra attendre les résultats de l’élection avant d’investir sur le thème, d’une part parce que l’issue reste incertaine (même si les marchés ont donné leur verdict sur le vainqueur du débat : le cours de Trump Media & Technology Group, en forte baisse le lendemain, clôture la semaine à environ 18$ contre 62$ au plus-haut de l’année, et 100$ en 2022), d’autre part parce que si la réaction épidermique des marchés donne une victoire des démocrates comme favorable au secteur, la complexité des business models et l’impact des décisions sur les droits de douane et les subventions militent pour un peu d’attentisme, et pour la sélection de titres, ou de paniers, plus que pour l’achat d’un ETF.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.