Les marchés américains poursuivent leur hausse alors que le ralentissement, sur le front de l’emploi notamment, est manifeste et ouvre la porte à un assouplissement monétaire. Le rebond de l’Eurostoxx faiblit en fin de semaine en anticipation des élections législatives en France.
La hiérarchie des services financiers est en plein bouleversement. Où en sont les fintechs ?
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, les demandes d’allocations chômage totales (troisième semaine de juin) augmentent pour la neuvième semaine consécutive, et le rapport ADP montre des signes de faiblesse (150 000 créations d’emploi, essentiellement dans l’hôtellerie-restauration, et ralentissement de la hausse des salaires). Le nombre de postes ouverts est plus élevé que prévu (8,1 millions en mai), en revanche le ratio des postes ouverts par personne en recherche d’emploi est revenu au niveau prépandémie de 1 (le plus-haut était à 2). Le taux de chômage prend de nouveau 0,1% à 4,1%. Faucons et colombes de la Fed débattent sur la courbe de Beveridge : pour les optimistes, le ralentissement actuel se traduit par une baisse du nombre de postes vacants sans augmentation du chômage. Pour les pessimistes, le nombre de postes vacants traduit l’inadéquation entre les compétences et les postes offerts et conduira donc, lorsque l’économie ralentira, à un taux de chômage structurellement plus élevé. Jerome Powell reconnaît des progrès dans la lutte contre l’inflation mais déclare que la Fed souhaite prendre son temps avant de s’engager dans un assouplissement monétaire.
L’inflation dans la zone € passe de 2,6% en mai à 2,5% en juin. Christine Lagarde déclare qu’il n’y a pas suffisamment de preuves que les menaces d’inflation ont disparu. Le taux de chômage reste stable à 6,4% en mai. Les ventes au détail progressent de 0,3% (annualisé). Le PMI composite est un peu meilleur que prévu (50,9). L’émission de 10,5Md€ de dette française est largement sursouscrite. Les prix de l’immobilier résidentiel allemand repartent à la hausse dans 8 des 14 villes principales.
Les travaillistes remportent largement les élections législatives au UK.
Le PMI composite japonais repasse en territoire de contraction.
En Chine, le PMI Caixin des services passe de 54 en mai à 51,2 en juin, toujours en expansion donc, mais moindre que prévu, tandis que le PMI manufacturier retrouve un plus-haut depuis mai 2021 à 51,8.
Le bitcoin passe au-dessous de 55 000$ sur fonds de ralentissement de la demande d’ETFs, de cession par le gouvernement allemand de 175M$ de bitcoins saisis (il en détient encore pour 2 Md$), et d’anticipations de vente des 9 Md$ de bitcoins en passe d’être crédités aux clients de la plateforme Mt. Gox, mise en faillite il y a 10 ans.
Micro 🔬
A la fin du deuxième trimestre, les Magnificent 7 représentaient les deux tiers des 15% de performance du S&P 500.
La Commission Européenne ajoute Meta à la liste des sociétés qui ne sont pas en conformité avec le Digital Markets Act. Elle conteste le « pay or consent » mis en place par le groupe, qui consiste à demander aux utilisateurs de Facebook et Instagram e choisir entre le paiement d’un abonnement et la diffusion de publicités personnalisées (donc basées sur leur données).
Blackrock achète le fournisseur de données sur le non coté Preqin pour 3,2 Md$ en cash, permettant au fondateur de la société (encore actionnaire à hauteur de 80%) de dépasser Larry Fink, le fondateur de Blackrock, dans le classement des milliardaires en empochant environ 2 Md$, tandis que ses 1 500 employés se répartiront 500 M$.
BYD a vendu 426 0932 véhicules électriques au deuxième trimestre, Li Auto 108 581 (+25%), Nio 57 373 (+144%), Tesla 444 000, en baisse par rapport à la même période de l’année dernière mais au-dessus des attentes, ce qui permet au titre de poursuivre le rebond spectaculaire (+75% environ) entamé mi-avril.
Amazon investit aux côtés de HBC, propriétaire de la chaîne de grands magasins haut de gamme Saks, pour son acquisition de Neiman Marcus pour 2,65 Md$. Saks Global comptera également Salesforce parmi ses actionnaires.
Bezos vend 25 millions d’actions Amazon (après 50 millions en février). Jensen Huang a vendu pour 169 M$ d’actions Nvidia en juin.
Threads (Meta), lancé il y a un an, compte désormais 175 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Et pour les nostalgiques de MySpace, le réseau social en tête des téléchargements sur l’App store aux Etats-Unis s’appelle noplace, et on n’est pas sûr de comprendre pourquoi il mériterait qu’on ajoute une icône à notre menu…
Difficile d’embrasser une tendance sociétale, même vocale, quand on ne veut pas s’aliéner tout ou partie de sa clientèle. Après Target et Budweiser, c’est au tour de Tractor Supply de retirer sa politique diversité & inclusion, qui irritait sa clientèle de fermiers (sic).
Les traitements anti-obésité de Novo Nordisk Ozempic et Wegovy pourraient être associés à une rare forme d’ischémie du nerf optique provoquant des troubles graves de la vision nommée NAION selon une étude de Harvard dans un petit groupe de patients.tractor supply
Boeing annonce le rachat de Spirits AeroSystems pour 4,7 Md$ en titres (8,3 Md$ de valeur d’entreprise). Boeing s’était séparé de Spirit en faveur du fond Onex Corp pour 1,2 Md$ en 2005 afin d’augmenter la rentabilité de ses actifs. Maîtriser sa chaîne de production, à long terme, ça se défend aussi. Airbus récupère au passage certains actifs et une soulte de 559 M$.
BNP Paribas et Axa envisageraient une joint-venture dans la gestion d’actifs.
La minute innovation 🧚🏻
Meta lance Meta 3D Gen, qui permet la création d’images en 3D à partir d’une description écrite.
Apple aura un observateur au conseil d’administration d’OpenAI.
Ark Invest met à jour sa valorisation de Tesla : 2 600$ en 2029 (soit 8 200 Md$ de valeur d’entreprise), expliqués à 90% par l’activité robotaxis. Sinon, c’est 350$. Premiers éléments de réponse dans un mois. Si vous voulez vérifier les hypothèses, l’Excel (sur github) est ici.
Zéro Net : selon la Commission Européenne, l’Europe ne tiendra pas ses objectifs de transformation numérique 2030.
Simplement révolutionnaire – investir dans les fintechs
Simply revolutionary, c’était le slogan de Revolut à ses débuts. Huit ans (et 2 Md$) après son lancement, la fintech britannique, qui dévoile ses comptes 2023 cette semaine, affiche un résultat avant impôts de plus de 400 M£ sur un chiffre d’affaires d’1,8 Md£ (+95% par rapport à 2022), grâce à une augmentation de près de 50% de son nombre de clients, au nombre de 40 millions dans 38 pays. Surtout, grâce à la marge d’intérêt sur les 15 Md£ de dépôts de ses clients. Financée grâce aux taux bas, rentable grâce à leur hausse, perfect timing. La société attend toujours sa licence bancaire au UK, demandée en 2021 et nécessaire pour offrir des prêts et la garantie des dépôts. Elle détient une licence bancaire pour l’Espace Economique Européen accordée par la banque de Lituanie, et propose des virements sans frais, une carte de paiement et le change de devises en temps réel. La fintech envisage une cession de titres en secondaire sur une valorisation de 40 Md$ (le précédent tour de financement date de 2021, pour 33 Md$).
De l’autre côté de l’Atlantique, un développement moins favorable affecte les clients de certaines fintechs : la faillite de la société de banking-as-a-service Synapse, qui faisait le lien entre les banques et une centaine de fintechs, met en lumière la position de la FDIC, le fonds de garantie des dépôts américain : les dépôts auprès d’institutions autres que bancaires ne sont pas systématiquement garantis.
La réglementation et les questions de sécurité, des dépôts et des données, sont des barrières à l’entrée considérable dans le secteur, mais elles sont grignotées par de nombreux acteurs se focalisant généralement sur la simplification d’un service avant d’étendre leur offre à d’autres segments et d’autres zones géographiques. Et cela se traduit dans la hiérarchie des valorisations : 40 Md$ donc, en non coté, pour Revolut (plus de deux fois la SocGen), 60 Md$ pour la société cotée Nu Holdings (Nubank, fondée en 2013 et désormais quatrième institution financière par le nombre de clients en Amérique latine avec 100 millions de clients au Brésil, au Mexique et en Colombie). A rapprocher des 160 Md$ environ de la première capitalisation européenne, HSBC, et des 72 Md€ de BNP. Qui emploie 180 000 personnes, contre 8 000 pour Nubank.
Le foisonnement de la fintech se traduit-il par ses performances boursières ? Le Global X Fintech ETF, lancé en 2016, est 50% au-dessous de son plus-haut de 2021. L’ETF Future Financial and Technology de Blackrock, plus récent, a retrouvé le niveau de son lancement (2022) et prend 34% sur un an (grâce à Worldline sans doute 😬). Vous retrouverez notre sélection sur le site la semaine prochaine.
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