Les marchés américains fléchissent, dans un contexte de déceptions sur l’économie et d’inquiétudes sur l’impact de la nouvelle administration, notamment sur la confiance des consommateurs. Petite semaine également en Europe malgré des données un peu plus favorables.
Pourquoi les résultats d’Alibaba permettent-ils au marché chinois de poursuivre sa course en tête des indices mondiaux depuis le début de l’année ?
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, Trump annonce envisager des droits de douane de 25% sur l’automobile, les semiconducteurs et les médicaments à partir du 2 avril. Il ne fatigue pas que ses alliés : les données macro de la semaine sont très moyennes. Hormis le rebond de l’Empire Manufacturing Index, les enquêtes de production sont médiocres (déception sur le Philly Fed et forte baisse du PMI composite S&P dans sa première estimation pour février, sur un niveau quasi-européen de 50,4). L’immobilier déçoit significativement : forte baisse des demandes de prêts (les taux à 30 ans frisent les 7%), mises en chantier largement inférieures aux attentes, déception sur les ventes de logements existants, et baisse notable de l’indice de confiance des constructeurs (NAHB). Les inscriptions au chômage remontent marginalement, et l’indice de confiance du consommateur (Michigan) de février est révisé à la baisse et ses anticipations d’inflation à la hausse.
Dans la zone €, la tendance est plus positive (modestement). L’indice ZEW de sentiment économique remonte notablement, la confiance du consommateur s’améliore un peu (sur des niveaux passablement déprimés) dans sa première estimation de février, et le PMI composite est en ligne avec les attentes, restant en février en toute petite expansion (50,2). Les gouverneurs des banques centrales espagnole, allemande, italienne et française écrivent à la Commission pour demander une simplification des règles dans la banque commerciale afin d’éviter des distorsions de compétition avec leurs homologues hors EU. Les marchés attendent des taux au-dessous de 2% début 2026, et les yeux sont rivés sur les élections allemandes de dimanche.
Au Japon, l’économie se porte bien, même si l’inflation et les hausses de taux à venir peuvent engendrer des inquiétudes. La croissance du PIB au T4 ressort à 2,8% annualisé en première estimation, une accélération sur le trimestre précédent. Exportations et importations accélèrent fortement en janvier, de même que l’inflation (4% annualisé en janvier un plus-haut de deux ans). Le PMI composite s’améliore à 51,6, et l’indice de sentiment des producteurs Tankan s’améliore pour le deuxième mois consécutif.
En Chine, public et privé se serrent les coudes : Xi Jinping se montre en compagnie des dirigeants des principales entreprises non détenues par l’Etat, y compris Jack Ma, fondateur d’Alibaba, dont les critiques à l’égard du gouvernement avaient entraîné une sévère remise en cause en 2020. Il leur demande de maintenir leur esprit de compétition et d’avoir confiance dans l’avenir du pays. Par ailleurs, les prix de l’immobilier résidentiel neuf baissent un peu moins (-5% quand même), les investissements étrangers aussi (-13% contre -27% sur l’ensemble de 2024). Pas stellaire, mais à nouveau de petits signaux de reprise.
Des hackers volent 1,4 Md$ de cryptos sur la plateforme Bybit.
Micro 🔬
Alors que la saison des résultats touche à sa fin, les marchés entérinent pour l’instant la fin de l’exceptionnalisme américain : les indices US sont largement dépassés cette année par l’Europe et plus encore par le Hang Seng, tandis que l’indice des valeurs domestiques chinoises commence à se reprendre. Parmi les grands marchés, seuls l’Inde et le Japon font moins bien que le S&P 500 (mais le yen affiche la meilleure performance parmi les monnaies du G7). Les Magnificent 7 sont en baisse de 1,5% depuis le début de l’année, et Intel, Cisco et IBM font nettement mieux qu’Nvidia (qui publie la semaine prochaine). Le retour des Boomers. Les flux vers les actions européennes ont atteint leur niveau le plus élevé depuis début 2023 la semaine dernière, alors que les fonds US et tech enregistraient une décollecte.
Walmart est sanctionné : après 5,6% de croissance de chiffre d’affaires (à change constant) et 13% de croissance de BPA en 2024, le groupe vise 3 à 4% de hausse du chiffre d’affaires en 2026, 3,5 à 5,5% pour le résultat opérationnel. A 36x les résultats des 12 prochains mois, le marché se fâche un peu. Le groupe explique sa prudence par « un environnement économique relativement stable » mais des « incertitudes liées au comportement du consommateur et aux conditions économiques et géopolitique globales », un euphémisme pour dire que l’augmentation des droits de douane pourrait impacter ses prix, même si la direction se montre assez détachée sur le sujet : « tariffs are something we’ve managed for years, and we’ll just continue to manage that ». Sur la santé du consommateur, pas d’inquiétude particulière, le groupe maintient ses précédents commentaires : « on voyait des nuages à l’horizon et ils ne sont jamais arrivés ». Sur l’immigration : nonevent so far.
L’enthousiasme pour l’IPO de Shein continuerait à s’effriter : valorisé 100 Md$ en 2022, le distributeur de vêtements à bas prix a échoué à s’introduire en bourse à New York, et l’opération prévue à Londres serait envisagée sur une valorisation de 30 Md$. Pour une fois, on peut remercier Trump, dont la décision d’éliminer la non-taxation des colis de moins de 800$ remet en cause le business model du plus gros pollueur du secteur.
Selon le FT, Nissan, dont la dette a été dégradée dans la catégorie junk, et qui depuis l’échec de la fusion avec Honda fait l’objet de marques d’intérêt de la part du fabricant d’Apple Hon Hai (Foxconn) d’une part, de KKR d’autre part, étudierait un investissement par un consortium mené par Tesla. Le fabricant de véhicules électriques serait intéressé par les usines américaines de Nissan. Tesla ne commente pas, Musk se contente d’un tweet: The Tesla factory IS the product. The Cybercab production line is like nothing else in the industry. Pas gagné.
La minute innovation
Le lancement de Grok 3, la nouvelle famille de LLM d’Elon (xAI), forcément « the smartest AI on Earth », a commencé lundi. La startup étudierait une levée de 10 Md$ sur une valorisation de 75 Md$. D’OpenAi à xAI : The inside story of how Altman and Musk went from friends to bitter enemies.
Un an après sa série B, la startup de robotique Figure AI (le robot humanoïde qui travaille chez BMW) préparerait une levée sur une valorisation 15x plus élevée. Et annonce cette semaine l’intégration de son modèle vision-langage-action Helix dans ses robots, qui peuvent désormais ranger vos courses sur commande : most intense ketchup bottle drop I’ve ever seen.
L’iPhone SE 4, nommé iPhone 16e, est en pré-commande. Le modèle d’entrée de gamme d’Apple coûte quand même 250€ de plus que le précédent (719€).
La minute innovation 🧚🏻
Le lancement de Grok 3, la nouvelle famille de LLM d’Elon (xAI), forcément « the smartest AI on Earth », a commencé lundi. La startup étudierait une levée de 10 Md$ sur une valorisation de 75 Md$. D’OpenAi à xAI : The inside story of how Altman and Musk went from friends to bitter enemies.
Un an après sa série B, la startup de robotique Figure AI (le robot humanoïde qui travaille chez BMW) préparerait une levée sur une valorisation 15x plus élevée. Et annonce cette semaine l’intégration de son modèle vision-langage-action Helix dans ses robots, qui peuvent désormais ranger vos courses sur commande : most intense ketchup bottle drop I’ve ever seen.
L’iPhone SE 4, nommé iPhone 16e, est en pré-commande. Le modèle d’entrée de gamme d’Apple coûte quand même 250€ de plus que le précédent (719€).
Sésame, ouvre-toi 🪄
Alibaba poursuit sa hausse, qui s’élève désormais à 70% depuis le début de l’année, sur l’annonce de ses résultats du quatrième trimestre. Et manque entraîner le Nasdaq vendredi, avant que les données économiques américaines ne le fassent flancher, et en amont des résultats d’Nvidia, qui détermineront la suite. La plateforme qui « ouvre les portes de la fortune aux petites et moyennes entreprises » (grâce à l’e-commerce), symbole de l’expansion économique et technologique de la Chine puis de la reprise en main du secteur privé par le gouvernement, retrouve le chemin de la croissance et revient au centre du softpower chinois.
Le groupe opère sept divisions : Taobao et Tmall Group, des sites d’e-commerce chinois (Taobao compte 2 milliards de références de produits et services et 800 millions d’utilisateurs, essentiellement en CtoC, Tmall est une place de marché BtoB qui compte à peu près le même nombre d’utilisateurs), Alibaba Cloud (premier cloud chinois, quatrième mondial), Alibaba International Digital Commerce Group (divers sites d’e-commerce hors Chine dont Alibaba.com), Cainiao (logistique), Digital Media and Entertainment, et des activités de diversification, dont certaines en cours de cession. Une sorte d’Amazon, Prime compris, et plutôt plus avancé en intelligence artificielle avec son modèle LLM Qwen 2.5 Max.
Les résultats trimestriels sont bons dans ses deux core businesses, l’e-commerce (9% de croissance pour les sites locaux et 32% à l’international, division encore en pertes mais dont le premier trimestre de profitabilité est projeté cette année) et le cloud (où contrairement aux hyperscalers américains, la croissance, bien que relativement modeste, accélère à 13%, avec plus de 100% de croissance pour les revenus liés à l’IA). Pas d’objectifs, hormis de poursuivre le retour à la croissance, avec une nouvelle accélération dans le cloud cette année, et la diminution des pertes de l’e-commerce international. Et, comme ses pairs américains, une augmentation massive des capex pendant les trois prochaines années, non quantifiée, qui pèsera à terme sur les marges.
Le discours tenu aux analystes est très offensif sur l’IA : the standard for AGI is artificial intelligence that can replace or achieve 80% of human capabilities. Well, around 50% of global GDP is manpower salaries, including both intellectual or mental work and physical labor. So if AGI can be achieved, then that could have a tremendous impact in terms of restructuring industry around the world and could have a significant influence on or even replace 50% of global GDP. Sur sa monétisation, le groupe est aussi évasif que ses pairs américains, déclarant que personne ne connaît encore les business models, que tous les grands LLM se valent peu ou prou, mais que tous ont besoin du cloud. Mais pas forcément d’Nvidia, et que les restrictions sur les exportations de semiconducteurs américains sont un non-sujet : the way we’ve designed our cloud very deliberately is to be compatible with a whole range of all kinds of different chips. So no matter what kind of policy changes may be forthcoming in the future, that will not affect us, and we’ll certainly be able to implement our investment plan.
Conclusion : un cinquième du CA d’Amazon, un quart de son résultat opérationnel, un tiers de son résultat net, moins de 15% de sa capitalisation boursière, même après la hausse récente…avec un profil de risque plus exotique, c’est indéniable mais la nouvelle administration américaine ne l’est-elle pas ?), et une hausse récente un peu rapide. Reste que tendanciellement, les valorisations des deux devraient se rapprocher, par la baisse de l’une ou la hausse de l’autre.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.
Pour débattre des scénarios d’investissement et thèmes 2025, ou étudier des supports d’investissement pour jouer vos allocations, rendez-vous ici.