Les marchés finissent par flancher : le resserrement monétaire se poursuit, l’inflation ralentit moins que prévu au UK, et l’activité fléchit dans la zone € (mais de premiers indices d’une stabilisation du marché immobilier aux Etats-Unis apparaissent).
Macro 🌡
Aux Etats-Unis, l’indice NAHB du sentiment sur le marché immobilier progresse, les mises en chantier sont nettement au-dessus des attentes et les ventes de maisons existantes augmentent légèrement. Lors de sa présentation devant la Chambre des représentants, Jerome Powell dit que la plupart des gouverneurs de la Fed s’attendent à d’autres hausses de taux cette année. Les nouvelles inscriptions au chômage sont stables, à 264 000, leur niveau de fin 2021. Janet Yellen déclare que le pays pourrait échapper à la récession tant annoncée.
L’indicateur du climat des affaires en France est stable en juin, reflétant une amélioration dans l’industrie et le commerce de détail, une stabilité dans les services et une détérioration dans le bâtiment. L’activité dans la zone € fléchit de nouveau, avec un PMI composite de 50,3, proche de la contraction.
Le taux moyen pour un prêt immobilier à deux ans à taux fixe au UK atteint 6%, pas très loin du niveau observé au moment de la crise budgétaire provoquée par Liz Truss. Choc lors de la publication d’un chiffre d’inflation de 8,7% (annualisé) en mai, soit une stabilité sur le mois précédent alors qu’elle baisse partout ailleurs. La BoE relève ses taux de 0,5% le lendemain, à 5% ; le marché prévoit 6% pour la fin de l’année.
La Chine baisse le taux de dépôt des banques de 10 points de base, une mesure jugée insuffisante pour une véritable relance par les marchés.
Petit point sur le mot à la mode, la Greedflation : la notion que l’inflation est tirée par la cupidité des entreprises, qui passent l’intégralité, voire plus, de leurs hausses de coûts aux consommateurs, gagne du terrain. Qu’en est-il réellement ? La part des profits dans le PIB US est effectivement au plus-haut depuis 1929. Les marges des entreprises, bien qu’en baisse par rapport à l’année dernière, sont également à leur niveau de haut de cycle. Cependant, une étude de la relation entre hausse des coûts et majoration des prix par les entreprises trouve que la corrélation est proche de 0. Si l’impact de l’inflation sur les marges (et des marges sur l’inflation) reste sujet à débat, l’impact négatif de la baisse de l’inflation sur les chiffres d’affaires devrait en revanche être bientôt visible.
Micro 🎰
L’anti-trust européen lance une investigation approfondie de l’acquisition du fabricant d’aspirateurs robots iRobot par Amazon.
Le chairman et CEO d’Alibaba devient responsable de la division cloud, qui doit être faire l’objet d’une scission. Eddie Wu, président des divisions e-commerce du groupe, devient CEO. Les deux nominations seront effectives en septembre.
Le transporteur FedEx publie des résultats trimestriels en ligne avec les attentes, et toujours impactés par la faiblesse de la demande globale et l’augmentation des coûts. Pour l’exercice à venir, la société prévoit des ventes stables ou en croissance inférieure à 5%.
Accenture, autre indicateur avancé de l’économie globale, publie un chiffre d’affaires trimestriel en hausse de 3% et des BPA en hausse de 13% résultats et communique des objectifs décevants pour le prochain trimestre, s’attendant à une baisse des dépenses IT de ses clients.
Virgin Galactic, dont le cours avait presque doublé à l’approche de son premier vol commercial, baisse fortement en fin de semaine à l’annonce d’une augmentation de capital de 400M$.
Les régulateurs américains ont approuvé la commercialisation de viande cultivée à partir de cellules animales. Upside Foods, qui compte Tyson Foods à son capital, et Good Meat vont donc lancer la commercialisation, initialement dans des restaurants haut de gamme. Vu le manque d’enthousiasme des consommateurs pour les substituts de viande à base de végétaux, on est en droit d’être dubitatif sur l’accueil qu’ils réserveront à de la « vraie » viande issue de cultures cellulaires.
Airbus signe un accord historique avec IndiGo lors du salon du Bourget. La première compagnie aérienne indienne commande 500 A320.
Carbios, spécialiste des procédés enzymatiques de recyclage du plastique, annonce une augmentation de capital d’au moins 122M€ pour boucler le financement de la construction de son usine.
Retour sur terre 🌬
Le fonds Atomico a publié son rapport sur la technologie européenne, State of European Tech. Sans surprise, les capitaux investis dans le secteur ont fondu au premier semestre. En extrapolant les chiffres à fin mai, l’année 2023 verrait des montants levés en recul de 52%, avec un retrait marqué des investissements par les fonds de venture américains, très présents en Europe en 2021. Le Royaume Uni, inclus dans l’étude, affiche au premier semestre un recul de 57%, contre 55% pour la France. Les premiers tours (seed) s’en sortent mieux que les autres. Et pour ceux qui font une nouvelle levée, c’est sur une valorisation inférieure à celle du tour précédent dans 20% des cas.
Les sorties (acquisitions, introductions en bourse) sont à peu près aussi rares que l’an dernier (48Md$ à fin mai 2023 contre 48Md$ pour l’année 2022, à comparer à un plus-haut de 177Md$ en 2020). La performance des fonds s’en ressent : elle a baissé de 18% en 2022.
Par secteur, ce sont les services financiers qui arrivent en tête avec 20% des fonds levés, en net retrait néanmoins par rapport à la même période de l’année dernière (29%). Suivent le software et le climat (18% des financements, contre 15% l’an dernier).
Une année qui s’annonce donc sans éclat. Les auteurs du rapport espèrent néanmoins un âge d’or de l’innovation à venir grâce au super-cycle de l’intelligence artificielle. Quoiqu’il en soit, avec des attentes et des valorisations plus réalistes, le timing est meilleur qu’il n’a été depuis longtemps pour investir dans le venture.