Cette semaine, des marchés initialement mal orientés rebondissent grâce au PBoC put tandis que les résultats de Micron rassurent sur la demande dans l’IA.
Point sur les actifs financiers des particuliers dans le monde.
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, le PMI composite est marginalement supérieur aux attentes à 54,4, les services compensant la faiblesse de l’industrie, confirmée par les indices manufacturiers des Fed de Richmond et Kansas City. Les nouvelles demandes d’allocations chômage baissent par rapport à la semaine précédente. Quelques gouverneurs de la Fed évoquent des baisses de taux supplémentaires, et la publication du PCE (2,2% en août après 2,5% en juillet) confirme que l’inflation n’est pas le sujet du moment. La confiance du consommateur mesurée par le Conference Board affiche une forte baisse, celle relevée par l’université du Michigan s’améliore. L’estimation finale de la croissance du PIB au T2 est inchangée (3%). Les refinancements de prêts hypothécaires font un bond de 20%, les demandes de prêts de 11%, alors que les taux retrouvent un plus-bas de 2 ans. L’indice Case-Shiller du prix des maisons augmente de 5,9% (juillet) et les ventes de maisons neuves surprennent à la hausse (août), alors que les promesses de ventes sont encore à un plus-bas de 20 ans.
Le PMI composite de l’eurozone (septembre) perd presque 2 points à 48,9, alors qu’industrie et services déçoivent en France et en Allemagne. En Allemagne, les principaux instituts de recherche économique anticipent une baisse du PIB de 0,1% cette année, et un rebond de 0,8% en 2025. L’indice IFO (climat des affaires) baisse pour le quatrième mois d’affilée. La confiance du consommateur en Europe est stable à des niveaux très déprimés, de même que le climat des affaires. Les prix à la consommation augmentent de 1,2% en France. La dette française coûte désormais plus cher que la dette espagnole.
Le PMI affiche un léger retrait au Japon à 52,5, et les prix à la consommation augmentent de 2,2% (septembre, annualisé). Contrairement à ce qu’annonçaient les sondages, le nouveau premier ministre est Shigeru Ishiba, membre du parti au pouvoir et partisan d’une OTAN asiatique et d’une politique monétaire plus restrictive.
La PBOC (banque centrale chinoise) égrène tout au long de la semaine un plan de relance comprenant des mesures de stimulation de l’offre de crédit bancaire (baisses de taux d’intérêt et du taux de réserve obligatoire des banques, recapitalisation de certaines grandes banques), de relance de l’immobilier (baisse des taux sur 3500 Md$ d’encours d’emprunts hypothécaires et relaxation des règles sur l’achat d’une résidence secondaire via une réduction de l’apport personnel de 25% à 15%), et d’apport de liquidités au marché boursier (prêts aux intermédiaires financiers et aux sociétés afin d’acheter des actions). Elle étudie également un fonds de stabilisation du marché. Le communiqué du Politburo (ici via Google Translate), pas dénué de langue de bois forcément, est volontariste sur le soutien à la consommation interne. L’indice de Shanghai prend plus de 15% dans la semaine.
Malgré les nouvelles venues de Chine et le discours de l’OPEP anticipant une poursuite de la demande d’ici 2050 (i.e. pas de peak oil), le prix du baril de pétrole s’enfonce. L’Arabie saoudite serait résolue à abandonner son objectif de prix de 100$ pour le baril afin de privilégier sa part de marché.
L’OCDE augmente légèrement ses prévisions de croissance mondiale (3,2% en 2024) par rapport à son estimation de mai (3,1%).
Micro 🔬
A l’inverse de Fedex la semaine dernière, le fabricant de semiconducteurs Micron Technology, un autre indicateur avancé de l’économie mondiale, publie des résultats trimestriels record, attribuant la hausse de 93% de son chiffre d’affaires à la demande d’IA et rassurant au passage le marché sur son principal point d’inquiétude.
Apollo Global Management offrirait d’investir 5 Md$ dans une prise de participation au capital d’Intel, qui a aussi été approché par Arm Holdings, désireux de racheter une de ses divisions. Apollo s’associe par ailleurs à Citi dans un fonds de crédit privé de 25 Md$.
Les 6 millions de titres Nvidia que son CEO Jensen Hueng avait prévu, d’après un filing auprès de la SEC, de céder d’ici mars 2025 ont été soldés cette semaine.
Le DOJ engage une procédure anti-trust contre Visa pour monopole illégal du marché des transactions de débit (les dépenses de nos cartes de « crédit » qui sont prélevées directement), dont la société détient plus de 60%. Pour les spécialistes, les détails sont ici.
Le DOJ toujours lancerait également une enquête sur la star des serveurs IA, Super Micro, toujours en hausse de près de 50% cette année malgré la note de Hindenburg Research l’accusant de fraude comptable.
Google attaque Microsoft devant l’anti-trust européen, l’accusant d’empêcher ses clients d’utiliser les clouds concurrents.
Berkshire Hathaway continue à vendre des actions de Bank of America, portant le total des cessions des trois derniers mois à environ 9 Md$, et sa participation à un peu plus de 10%.
Canva, la startup dirigée par une femme la mieux valorisée au monde (26 Md$ pour l’instant), dont le génial software créatif détient moins de 1% de part de marché, prépare son entrée en bourse. Plus de concurrence pour Adobe, pour l’instant dix fois plus gros ? Le mari et co-fondateur de l’Australienne Melanie Perkins est COO : mais alors qui s’occupe des kids ?
L’intégration européenne, voire l’union des marchés de capitaux, tout le monde y est favorable, sauf quand il s’agit de laisser un de ses voisins acheter un actif ? Le chancelier allemand Olaf Scholz condamne la tentative d’OPA d’Unicredit sur Commerzbank (l’Italien contrôle 21% du capital), taxée d’« inamicale » et « inappropriée », le ministre des Finances s’offusque aussi, des sources proches du dossier affirment que le gouvernement allemand était au courant, bref, chacun joue son rôle en attendant le bon prix.
Le CEO de Novo Nordisk est auditionné par le Sénat US à la demande de Bernie Sanders, qui lui reproche de commercialiser ses traitements de l’obésité 10 à 20x plus cher aux Etats-Unis qu’en Europe, et répond en pointant les inefficiences du système de santé américain (40% du prix de vente revient aux intermédiaires). Selon Bloomberg, les ventes de Wegowy et Ozempic depuis leur lancement devraient atteindre 65 Md$ à la fin de l’année, quasiment l’équivalent des dépenses de R&D du groupe au cours des trente dernières années. Novo rétorque que le développement de ces traitements lui a coûté 10 Md$, qu’il investit plus de 30 Md$ dans l’augmentation de sa capacité de production, et 30% de ses résultats aux US dans sa fondation, qui finance elle-même de la recherche. Une polémique chronique (stop ripping us off, dixit Bernie Sanders), mais cette fois dirigée exclusivement contre les sociétés étrangères (Eli Lilly n’a pas témoigné).
LVMH s’offre 10% et un siège au conseil d’administration de Moncler, point d’orgue d’une semaine faste pour le secteur du luxe, qui rebondit dans l’espoir de voir revenir ses consommateurs asiatiques.
SAP fait l’objet d’une enquête du DOJ, avec quelques autres sociétés et leur revendeur américain, pour des ententes sur les appels d’offres qui auraient amené à des surfacturations du gouvernement depuis 2014.
Sanofi aurait reçu deux offres de sociétés de capital-investissement pour sa filiale grand public.
Selon une étude d’Elm Partners, même en connaissant l’actualité à l’avance, un trader ne gagne pas grand-chose, sauf si c’est un professionnel. Vous pouvez toujours essayer avec ce jeu.
L’Europe n’est pas très bien représentée dans le classement mondial du venture capital établi par Pitchbook. Dans le classement européen, Paris est deuxième derrière Londres.