rendement et risque

Les marchés terminent un peu au-dessus de l’équilibre en cette semaine courte. Pour le trimestre, la performance ressort à 8% pour le MSCI World.

4 défauts majeurs ces derniers mois en France nous donnent l’occasion de nous pencher sur le haut rendement avant de reprendre nos études thématiques.

Macro 🔭

 

Aux Etats-Unis, hausse de 1,4% des commandes de biens durables et de 6% des prix des maisons (janvier). L’indice de confiance du consommateur du Conference Board est inférieur aux attentes, celui de l’université du Michigan se redresse. Un gouverneur de la Fed déclare que celle-ci ne voit aucune urgence à baisser les taux. Le PIB a crû de 3,4% au T4. Les nouvelles demandes d’allocations chômage restent modestes et le PCE est en ligne avec les attentes à 1,8% : pas de réaccélération de l’inflation selon cette mesure.

L’inflation accélère en Espagne (3,2% en mars après 2,9% en février). En France, la confiance des consommateurs s’améliore. En Europe, l’enquête de confiance des consommateurs et des entreprises montre une stabilisation en mars par rapport à février. Un sondage Qonto auprès de 2000 PME paru en début d’année les montre optimistes, et avec comme priorité d’investissement la tech (sauf en France).

Le JPY se reprend après que le vice-ministre des affaires internationales a déclaré que la faiblesse du yen n’était pas en ligne avec ses fondamentaux et avait des caractéristiques clairement spéculatives, et qu’il n’excluait pas une intervention. 

Joyeuses Pâques…même si l’inflation ne reflue pas pour le chocolat : les prix du cacao ont doublé depuis le début de l’année, en faisant de loin la matière première la plus performante.

L’effondrement du pont de Baltimore va entraîner quelques perturbations des flux logistiques. Baltimore est le premier port américain pour les voitures d’importation (22,5 Md$ de valeur douanière en 2023), l’un des principaux pour l’équipement agricole, et est également critique pour l’acier, l’aluminium, le charbon et le sucre. Les ports de Philadelphie et Norfolk absorberont les flux, mais avec des retards à prévoir, ainsi que des augmentations de prix, mais pas à même d’influer sur la croissance ou l’inflation mondiale selon les économistes.

Dans sa lettre annuelle, Larry Fink, le CEO de Blackrock, alerte sur la crise latente du financement des retraites aux Etats-Unis, sur le niveau de dette (122% de dette sur PIB au T4 2023) et questionne l’âge de 65 ans pour le départ à la retraite. La moitié des Américains âgés de 55 à 65 ans n’avaient pas de plans d’épargne retraite autre que public en 2022.  Sounds familiar ?

Le premier trimestre enregistre plus de 20% de hausse pour le Nikkei, 10% pour le S&P 500 et l’Eurostoxx, 9% pour le Nasdaq, et -3% pour le Hang Seng Index.

Micro 🔬

Apple, Google et Meta font l’objet d’une enquête de la Commission Européenne pour non-conformité au Digital Markets Act. Les deux premiers sont épinglés pour les restrictions qu’elles imposent aux développeurs cherchant à emmener les consommateurs hors de leurs app stores, et sur le fait qu’ils favorisent leurs services. Meta est mis en cause pour son modèle pay or consent, qui permet d’éviter la publicité à condition de payer.

Ericsson supprime 1200 emplois.

Selon le Financial Times, la Chine prohiberait depuis décembre dernier l’usage des micro-processeurs d’Intel et d’AMD dans les serveurs et PC du gouvernement, et souhaite remplacer Windows et tout logiciel étranger par des alternatives domestiques. Intel et AMD font respectivement 27% et 15% de leur chiffre d’affaires en Chine (la part réalisée avec le gouvernement n’est pas connue).

Johnson & Johnson étudierait l’acquisition de la medtech Shockwave Medical.

Alibaba renonce à l’IPO de sa filiale (à 64%) de logistique Cainiao, sans doute en raison des conditions de marché difficiles, et propose aux minoritaires (y compris les employés) de les racheter pour un montant total de 3,75 Md$.

Le Chinois Nio revoit à son tour ses objectifs de livraison de véhicules électriques à la baisse pour le premier trimestre (de 31-33 000 à 30 000).

Trump Media & Technology (ticker DJT forcément), qui opère Truth Social, la plateforme qui encourage une conversation globale ouverte, libre et honnête (sic), fusionne avec le SPAC Digital World Acquisition. La cotation est brièvement interrompue après une hausse de 50% en quelques minutes. 3,5 M$ (pas Md) de chiffre d’affaires sur les 9 derniers mois de 2023, plus de 35 M$ de pertes, un actionnaire (à 58%) très endetté dont le lock-up expire dans 6 mois, et plus de 8 Md$ capitalisation boursière. 🤔

En raison de la position de l’AMF sur l’offre formulée par le fonds EQT X et Denis Ladegaillerie pour le rachat de Believe Music, le conseil d’administration invitera Warner Music Group à confirmer son offre (le 7 mars, WMG avait proposé au moins 17€/action).

La minute innovation 🧚🏻

Noland Arbaugh, le premier patient tétraplégique de Neuralink, joue aux échecs et à Mario Kart en contrôlant ses actions par la pensée.

Amazon va investir 2,75 Md$ de plus dans la startup d’intelligence artificielle Anthropic, valorisée 18,4 Md$.

WeCrashed. Lui ne s’en sort pas si mal. Adam Neumann, le fondateur de WeWork, aurait fait une offre de 500 M$ (qui pourrait aller jusqu’à 900M$) pour reprendre à la barre du tribunal de commerce une société valorisée un temps 47 Md$.

On ne meurt pas de dettes

Rendement et risque

En cette semaine où la clôture des marchés le Vendredi Saint nous rappelle le temps (révolu ?) où l’activité des banquiers était réputée amorale, tandis que l’actualité locale met en lumière les risques du high yield (Altice), petit détour sur le haut rendement avant de reprendre nos explorations thématiques.

Nous savons tous que le rendement rémunère le risque et pourtant, de la dernière pyramide de Ponzi (280 M€) au monétaire dynamique en passant par la dette à haut rendement, les actions à dividende élevé ou les SCPI promettant 10%, nombreux sont ceux qui se laissent aveugler par des rendements élevés.

La dette high yield américaine rapporte actuellement 7.5%, et son spread (écart de rendement) avec le 10 ans est à peine supérieur à 3%. Son pendant européen est à 6%, avec un spread de 3,5%. Historiquement, le taux de défaut sur le haut rendement américain a oscillé entre un plus-bas de 1% environ et un plus-haut proche de 13%. En Europe, sur une période plus courte (20 ans), la fourchette est de 0 à 14%. Certes, un sondage d’Absolute Strategy Research auprès de 225 investisseurs gérant collectivement 8 000 Md$ révèle qu’ils évaluent la probabilité d’une récession mondiale à moins de 50%. Reste que dans le monde, les défauts ont augmenté de 80% en 2023 (les pays émergents font d’ailleurs plutôt figure de bons élèves par rapport aux US et à l’Europe).

Côté actions, sur longue période, les dividendes représentent un tiers de la performance, mais depuis les années 90 ce n’est plus que 15%. Acheter les valeurs à rendement élevé n’est pas forcément une bonne idée : les 80 valeurs au rendement le plus élevé du S&P 500 sous-performent massivement sur 10 ans (environ 4% annualisé contre près de 11% pour l’indice dans son ensemble).

Bref, avant d’acheter du rendement, on vérifie la prime de risque. Evidemment, pour un rendement sûr on peut aussi acheter la dette de son Etat. Dont le spread avec le Bund reste miraculeusement bas.  

Titre emprunté à Louis-Ferdinand Céline : On ne meurt pas de dettes, on meurt de ne plus pouvoir en faire.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.