Vent d’optimisme sur les marchés, une solution sur le plafond de la dette américaine semblant se profiler, tandis que les indicateurs macro et micro ne sont pas très encourageants.
Macro 🎰
Aux Etats-Unis, chute brutale de l’Empire Manufacturing (l’indice manufacturier de la Fed de New York) au niveau d’avril 2020, le début de la pandémie. Les ventes au détail, en hausse de 0,4%, déçoivent également.
La commission européenne revoit ses prévisionsde croissance de la zone € à la hausse (1% contre 0,7% auparavant). Elle revoit également à la hausse ses anticipations d’inflation, à 5,8% cette année et 2,8% en 2024. La production industrielle recule de 4,1% (mars). L’indice de confiance des investisseurs allemands, le ZEW, baisse pour le troisième mois consécutif.
Données économiques chinoises plus faibles que prévu avec une production industrielle en hausse de 5,6% en avril par rapport à avril 2022, des ventes au détail en hausse de 18,4%, et un taux de chômage des jeunes de 20,4%.
Micro 🛠️
Les résultats trimestriels de Home Depot, le leader mondial de la distribution d’équipement pour la maison, souffrent du contrecoup de la forte augmentation d’activité pendant et après la pandémie (+43% en trois ans, les Américains ayant dépensé les économies faites pendant les confinements dans leur activité favorite), des événements climatiques en Californie, de la baisse des prix du bois, et d’un fléchissement de la demande. Le chiffre d’affaires baisse de 4,2%, et le chiffre d’affaires « comparable » (en retraitant des ouvertures et fermetures de magasins) de 4,6%, la pire performance du groupe depuis 2010. Les résultats par action baissent de près de 7%. La société revoit à la baisse ses objectifs annuels. Ses marges pâtissent, au-delà du ralentissement des ventes, de l’investissement de 1Md$ concédé pour augmenter ses employés.
Microsoft obtient le feu vert de la commission européenne pour l’acquisition d’Activision.
Le milliardaire Georges Soros a vendu l’intégralité de ses actions Tesla.
Le CEO de WeWork démissionne, 3 ans après son entrée en fonction, pour rejoindre la société de private equity Sycamore Partners. Le titre accentue sa baisse, désormais de 96% sur les douze derniers mois.
Les ventes trimestrielles du distributeur Target sont à peu près stables, et ses bénéfices par action en baisse de près de 5%. La société note que le consommateur fait face à des challenges et que les vols en magasin ont un impact de plus en plus important sur l’activité.
Les loups de Wall Street 🥊
Un très ancien proverbe américain, repris par Benjamin Franklin, enjoint de ne pas jeter de pierres à ses voisins quand on vit dans une maison de verre. Icahn Enterprises : The corporate Raider throwing stones from his own glass house, tel est le titre du rapport publié par Hindenburg Research sur Icahn Enterprises (IEP) le 2 mai dernier. Hindenburg a également vendu à découvert le titre, et quelques jours plus tard les obligations d’IEP. Le lendemain de la publication du rapport, IEP annonçait l’ouverture d’une enquête du procureur fédéral de New York. Ce n’est pas la première fois que la société fait l’objet d’une enquête, mais Icahn n’a jamais fait l’objet d’une condamnation.
Icahn, qui a fait fortune en tant que corporate raider, achetant des actifs et les restructurant avant de les revendre, est ensuite devenu investisseur activiste, prenant des participations dans des sociétés cotées avant de faire campagne pour que leur direction mette en place sa stratégie. Parmi ses faits d’armes des dix dernières années, on compte la cession de Paypal par Ebay ou la vente de Caesars Entertainment (casinos).
Hindenburg, fondé par Nate Anderson en 2018 par fascination pour l’affaire Madoff, est spécialisé dans l’identification de manipulations de toute nature dans les sociétés cotées, et s’est illustré récemment en attaquant le constructeur de camions électriques Nikola, dont le fondateur a été condamné pour fraude en octobre dernier.
Le rapport affirme avec des arguments probants que les actifs illiquides (immobilier, private equity) d’IEP sont grossièrement surévalués, qu’Icahn gonfle artificiellement ses fonds sous gestion en les achetant lui-même grâce à l’argent qu’il emprunte avec des titres IEP en collatéral (le milliardaire déteint 84% de la société), et que les dividendes ne peuvent en aucun cas être payés par une société dont les fonds cotés ont perdu 53% en cumulé depuis 2014.
En résumé, Hindenburg (la société a adopté ce nom parce qu’il représente un désastre intégralement dû à l’intervention humaine et intégralement évitable) affirme que la surévaluation du titre est de 75% et que le dividende est payé par les nouveaux entrants dans le fonds, ce qu’on appelle communément un schéma de Ponzi. Et que cela pénalise les petits porteurs beaucoup plus que les investisseurs institutionnels.
Icahn, une fraude donc ? Pas improbable de la part d’un homme qui a dit : Some people get rich studying artificial intelligence. Me, I make money studying natural stupidity.