Investir en bourse: les hommes et les femmes ont-ils le même comportement vis-à-vis du risque?

Rebond marqué cette semaine, avec le Nasdaq (+5,3%) et le Japon (+8% pour le Topix) en tête, grâce à la poursuite du reflux de l’inflation et à des données économiques américaines indiquant un probable atterrissage en douceur.

Deuxième édition de notre divertissement d’été sur l’apport de la zoologie à la compréhension des comportements des agents économiques masculins et féminins : l’appétence au risque.

Macro 🔭

 

Aux Etats-Unis, l’optimisme des petites entreprises (indice NFIB) se redresse en juillet (93,7 vs 91,5 en juin). La croissance des prix à la production (juillet) ralentit à 2,2%, celle des prix à la consommation à 2,9%. Les demandes de prêts hypothécaires augmentent significativement, les autres indicateurs du marché immobilier sont mal orientés (permis de construire, nouvelles constructions). Les indicateurs manufacturiers des Fed de New York (en baisse mais au-dessus des attentes) et Philadelphie (en baisse et au-dessous) restent mitigés. Les nouvelles demandes d’allocations chômage baissent par rapport à la semaine précédente (227 000), les ventes au détail sont meilleures que prévu (+2,7%), et l’indice de confiance des consommateurs de l’université du Michigan s’améliore pour la première fois en cinq mois. Selon Goldman Sachs, les marchés assignent une probabilité de 41% à une récession aux Etats-Unis. C’était 29% en avril, mais plus de 50% en mai 2023.

Plongeon du sentiment des investisseurs allemands (ZEW) de 41,8 en juillet à 19,2 en août en raison de la faiblesse du commerce mondial, des tensions géopolitiques et des inquiétudes sur la sécurité énergétique. Pour la zone €, l’indice passe de 43,7 à 17,9. La production industrielle de la zone baisse de 3,9% en juin.

Au UK, les prix à la consommation se reprennent un peu en juillet (+2,2% annualisé).

Les prix à la production augmentent de 3% en glissement annuel au Japon en juillet. La croissance du PIB au T2 ressort à 3,1% en glissement annuel, très au-dessus des attentes (2,1%).

Les investisseurs étrangers ont retiré 15 Md$ de Chine au deuxième trimestre. L’investissement direct dans le pays est retombé l’an dernier à son niveau de 1993, et à un dixième des montants de 2021. Le poids du pays dans le MSCI World passe de 25 à 20%. Les ventes au détail montrent des signes d’amélioration, tandis que la production industrielle ralentit, que les prix de l’immobilier poursuivent leur chute et que le chômage urbain augmente, renforçant les craintes sur la capacité du pays à atteindre son objectif de croissance annuelle de 5%. Le gouverneur de la People’s Bank of China s’exprime dans les médias en faveur d’un soutien à la croissance, sans précisions hormis d’exclure un « assouplissement drastique ».

Les craintes d’un ralentissement aux Etats-Unis ainsi que la faiblesse de la demande chinoise pèsent sur les prix des métaux industriels. Les prix de l’acier sont revenus cette semaine à leur niveau de 2022, et le premier producteur d’acier mondial, China Baowu Steel Group (7% de la production mondiale), qualifie la situation actuelle du secteur de plus difficile qu’en 2008 et 2015. Quant au ratio cuivre sur or, il poursuit sa baisse, indiquant des anticipations de ralentissement économique global.

Selon le sondage auprès des gérants de fonds de Bank of America, 76% des investisseurs attendent un atterrissage en douceur de l’économie mondiale au cours des douze prochains mois. Grâce aux quatre baisses de taux de la Fed attendues par 60% des sondés.

Le prix du pétrole rebondit malgré la baisse des projections de demande de l’OPEP+, celle-ci annonçant concomitamment des coupes de production.

Micro 🔬

A la suite du jugement de la semaine dernière qualifiant Google de monopole, le Department of Justice étudie un démantèlement qui pourrait impliquer la cession d’Android et du navigateur Chrome, voire d’AdWords.

Pershing Square, le hedge fund de Bill Ackman, a constitué une position d’environ 230 M$ en Nike au deuxième trimestre. Le titre a perdu près de 50% depuis son plus-haut de 2021.

L’entrée en vigueur de la hausse des droits de douane (encore provisoire) sur les véhicules électriques chinois entraîne une baisse de 45% de leurs immatriculations en Europe en juillet. Leur part de marché passe de 10% en juin à 8,5% en juillet.

Walmart rassure sur la santé du consommateur américain, augmentant son objectif de croissance de chiffre d’affaires pour l’année de 4 à 4,75%. Le consommateur continue à être prudent et à rechercher les promotions, mais ne montre pas de signes de tension particulière, et au-delà des dépenses de première nécessité, même les catégories discrétionnaires de Walmart se portent bien. A l’inverse, les ventes d’articles coûteux sont sous pression : hôtellerie, croisières, parcs (résultats publiés la semaine dernière), ou articles de rénovation de la maison (résultats décevants de Home Depot, qui fait état d’attentisme de la part de ses clients).

Un mois après l’arrivée de l’activiste Elliott à son capital, Starbucks voit son titre s’envoler sur l’annonce du remplacement du CEO par Brian Niccol, actuel dirigeant de Chipotle Mexican Grill.

Mars fait l’acquisition du fabricant de snacks (Pringles notamment) Kellanova pour 35,9 Md$.

Le titre de Bayer se reprend après une victoire en appel dans un litige lié au Roundup en Pennsylvanie. La société continue à défendre le glyphosate, mais le titre a perdu plus de 60% depuis l’acquisition de Monsanto.

 

Le titre de Bavarian Nordic, l’un des rares laboratoires commercialisant un vaccin contre le mpox (variole du singe), s’apprécie à l’annonce que l’OMS déclare que l’épidémie est une urgence de santé publique internationale.

La minute innovation 🧚🏻

Boeing n’est pas meilleur fabricant de fusées que d’avions. Les deux astronautes de Starliner qui attendent depuis début juillet dans la station spatiale internationale que leur vaisseau les ramène de leur voyage initialement prévu pour 8 jours pourraient se faire raccompagner par SpaceX en…2025.

Elon aimerait un poste dans l’administration Trump, pour surveiller l’utilisation de l’argent des contribuables. Et répond à la missive administrative un peu lunaire de Thierry (Breton) avec son élégance coutumière. Plus efficace, l’Irlande envisage de rendre les dirigeants de réseaux sociaux personnellement responsables de leur contenu.

 

Revolut est valorisée 45 Md$ lors d’une opération secondaire.

Les joueurs 🕸️

Deuxième épisode de notre série d’été sur les différences entre hommes et femmes dans la sphère économique étudiées sous le prisme des comportements animaux. C’est marginalement plus rigoureux que ce qu’on lit d’ordinaire sur le sujet, mais on l’espère plus drôle. La semaine dernière, la biologie nous permettait d’attribuer un avantage aux femmes dans la sélection des meilleurs, un pré-requis pour bien diriger. La capacité à prendre des risques est un autre impératif des dirigeants d’entreprise et des gérants de fonds. Pas de rendement sans risque, pas de crise financière sans prise de risque excessive non plus. Alors, Lehman Sisters aurait-elle vraiment fait mieux que Lehman Brothers ?

Selon le dernier baromètre de l’épargne de l’AMF, parmi les nombreux Français qui refusent de prendre des risques avec leur épargne, 57% sont des femmes. La littérature académique tend également à démontrer une aversion au risque plus élevée chez celles-ci. Selon cette étude, dont je n’aime pas les conclusions mais qui a le mérite de recenser un certain nombre de travaux sur le sujet, ce serait dû à des traits de caractère : elles seraient moins compétitives, moins aventureuses, moins optimistes et moins sûres d’elles que les hommes. Le dernier point est validé par le sondage AMF : 58% de ceux qui estiment avoir de bonnes connaissances financières sont des hommes mais lorsque les connaissances sont testées, le constat est que le niveau de connaissances est faible, mais à peu près le même chez les hommes et les femmes. Des chercheurs ont également tenté d’apporter une réponse en étudiant a posteriori les comportements des candidats à un jeu télévisé offrant des récompenses substantielles en contrepartie d’un risque. Là, pas de différence significative entre hommes et femmes, mais l’échantillon est restreint.

Au-delà des stéréotypes, ou de la recherche d’explications culturelles, peut-on trancher (pour rire) grâce à la biologie ?

La semaine dernière, nous avons vu que le conflit sexuel était une force évolutive majeure, où schématiquement les mâles devaient attirer l’attention tandis que les femelles disposaient de nombreuses stratégies pour disposer du choix final des meilleurs gènes. La raison primordiale : les mâles disposent de nombreux gamètes qu’ils peuvent éparpiller allègrement dans le but de les transmettre au plus grand nombre. Les femelles en ont moins, et l’élevage de leur progéniture est énergétiquement coûteux donc elles doivent sélectionner les meilleurs pour assurer la dominance de leur lignée dans la durée.

Chez certaines espèces d’araignées, non seulement les mâles ont plus de gamètes, mais ils sont plus nombreux. Autant dire que leur contenu énergétique a plus de valeur que leur potentiel reproductif, et qu’ils courent donc le risque de se faire manger quand ils sortent draguer. A coup sûr s’ils perdent, parfois aussi quand ils gagnent (pour peu que leur belle ait besoin d’un surcroît de calories à ce moment-là). Avec 20% de chances de sortir de la rencontre vivants, on pourrait penser que les mâles se décourageraient, mais ils sont programmés pour se reproduire, donc ils tentent leur chance quand même.

 

Chez les mammifères, c’est un peu moins extrême, mais la logique reste la même, peut-être même la validez-vous empiriquement. Donc pour l’amour du risque, avantage aux garçons.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.