Les marchés progressent en cette semaine de split du titre Nvidia, qui devient la deuxième capitalisation boursière mondiale, de première baisse de taux de la BCE, et malgré une donnée sur l’emploi US qui fait passer les attentes de baisses de taux de la Fed à 0.
Pause dans la ruée vers l’or ?
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, l’ISM manufacturier (mai) baisse, tandis que celui des services bondit. Le nombre d’ouvertures de postes (JOLTS) continue à faiblir, surprenant à la baisse de quelque 300 000 postes à environ 8 millions. Le nombre de personnes sans emploi par poste ouvert (0,8) reste néanmoins très faible. Les autres statistiques sur l’emploi de la semaine pointent aussi sur une légère dégradation (petite hausse des inscriptions initiales au chômage à 229 000, créations d’emploi du sondage ADP à 152 000 au lieu des 175 000 attendus), mais les emplois non agricoles publiés vendredi prennent les marchés par surprise (+272000 au lieu des 190 000 attendus), même si le taux de chômage remonte à 4%. Les attentes de baisses de taux en 2024 s’ajustent instantanément à 0. Moody’s place 6 banques régionales américaines sous surveillance négative en raison d’inquiétudes sur leur exposition à l’immobilier commercial.
Pour la première fois en 25 ans, la BCE baisse ses taux directeurs avant la Fed (de 25bps à 3,75%) mais elle ne s’engage pas au-delà, d’autant que la hausse des salaires accélère à 5,1% (données du premier trimestre). Elle révise également ses prévisions de croissance (0,9% contre 0,6% auparavant en 2024, 1,4% vs 1,5% en 2025) et d’inflation (2,5% vs 2,3% en 2024 et 2,2% vs 2% en 2025). Depuis quelques mois, les surprises économiques sont plutôt positives en Europe et négatives aux Etats-Unis.
Le gouvernement japonais confirme l’intervention de la banque centrale pour soutenir le JPY, qui se reprend un peu. La faiblesse de la devise n’empêche pas les sociétés japonaises de multiplier les annonces d’acquisitions à l’étranger : 60 Md$ à date, alors que le même montant n’avait été atteint qu’en novembre l’année dernière.
Le marché indien perd 386 Md$ de capitalisation boursière à l’annonce de la victoire en demi-teinte de Modi, pour les reprendre dans les jours suivants. Au Mexique, une baisse de 10% salue le gain de plus des deux tiers des sièges de députés par le parti Morena de la présidente nouvellement élue. Une volatilité qui laisse augurer d’un automne chahuté aux Etats-Unis, où Trump est toujours largement en tête.
Les exportations chinoises sont au-dessus des attentes (+7.6% sur un an), les importations au-dessous (+1,8%) : la demande intérieure ne prend toujours pas le relais, mais l’économie accélère (cf les lectures des PMI de la semaine).
L’OPEP étend ses coupes de production de 3,7 millions de barils jour (bpd) jusqu’à fin 2025 mais ne renouvelle ses coupes additionnelles (2,2 Mbpd) que jusqu’au T3 2024, entraînant une baisse des cours du brut dans un contexte de demande incertaine. Un contexte qui pousse Saudi Aramco à baisser le prix de ses livraisons à l’Asie.
Le nombre d’individus qualifiés de High Net Worth Individuals a augmenté de 5% en 2023 selon le World Wealth Report de Cap Gemini.
Micro 🔬
Après une mise à jour logicielle, le NYSE souffre de problèmes de cotations et 40 titres affichent des cours étranges (Berkshire à -99%). Résolu en 15 minutes, l’épisode est le troisième dans la semaine.
La capitalisation boursière d’Nvidia dépasse les 3 Md$, raflant la place de deuxième société la mieux valorisée du monde à Apple. En Europe, ASML passe devant LVMH.
Le DoJ et la FTC vont étudier l’influence de Nvidia, Microsoft et OpenAi sur l’industrie de l’intelligence artificielle.
Docusign reste au tréfonds de la cote. Les résultats trimestriels sont supérieurs aux attentes, mais avec 7% de hausse de chiffre d’affaires, la société n’est plus dans le club des valeurs de croissance, et malgré un bon premier trimestre, les objectifs annuels ne sont pas revus à la hausse.
Victime du climat, Vail Resorts, la station de ski cotée, revoit ses objectifs à la baisse et se rapproche des cours atteint pendant la pandémie. La baisse du nombre de skieurs (-7,7%) est compensée par la hausse des prix des abonnements et des autres dépenses des vacanciers, permettant une petite croissance du chiffre d’affaires. La société finalise l’acquisition de Crans-Montana, achetée pour 118,5 MCHF (c24x l’EBITDA forward, soit plus de 2 fois le multiple de Vail).
La Chine autorise des essais des voitures autonomes pour un certain nombre de producteurs. Tesla attend son autorisation, et se prépare aux Etats-Unis, anticipant 3 à 4 Md$ de commandes de puces Nvidia cette année pour se préparer à gérer une flotte de Tesla autonomes. Les dernières commandes de ces puces sont par ailleurs arrivées chez xAI. Parce que Tesla n’avait pas de place pour les stocker 🤥 Pensée émue pour le DAF. Le vote sur les 56 Md$ d’Elon se tiendra le 13, et le président du conseil d’administration de Tesla demande aux actionnaires de voter en faveur du package. Le 8 août, Musk dévoilera son robotaxi. Dont l’attente soutient le cours et que la réglementation actuelle ne lui permettra pas d’opérer.
Rebond du fabricant de vêtements de yoga lululemon athletica grâce à une repise de la croissance des ventes (+10% au premier trimestre). La franchise s’en sort grâce à la croissance à l’international, mais la marque ne croît plus hors ouvertures de boutiques sur son marché domestique.
Un comité consultatif de la FDA refuse de valider l’usage de l’esctasy pour le traitement du stress post-traumatique, entraînant une forte baisse des titres de thérapies alternatives. Le traitement avait montré des résultats prometteurs en phase 3, mais la qualité des études est contestée par les membres du comité.
Waste Management (collecte de déchets résidentiels et commerciaux) annonce l’acquisition de Stericycle, spécialisé dans le traitement des déchets médicaux, pour 7,2 Md$.
SAP achète l’israélien WalkMe, coté au Nasdaq, pour 1,5 Md$ (prime de 45% sur le dernier cours coté). Le logiciel de WalkMe détecte les frictions dans l’usage des applications et apporte un soutien personnalisé aux utilisateurs qui les rencontrent.
Le fabricant français de composants optiques Exosens s’introduit en bourse via un placement privé et clôture en hausse de 12%.
Scott Kleinman, co-président d’Apollo Global Management Inc., l’une des plus grandes gestions d’actifs alternatifs au monde, déclare que les rendements du private equity ne reviendront pas aux niveaux des dernières années tant que “le cochon n’aura pas traversé le python”, c’est-à-dire tant que les valorisations n’auront pas été réévaluées et les participations refinancées à des taux supérieurs.
La minute innovation 🧚🏻
Des plateformes d’investissement françaises proposent d’acheter des actions OpenAI, vendues probablement par des salariés ou investisseurs de la première heure, sur une valo de 86 Md$.
Apple signe un partenariat avec OpenAI pour intégrer ChatGPT dans iOS.
L’université de Pennsylvanie découvre près de 1 million de candidats antibiotiques grâce à l’IA.
La fièvre de l’or
La fixation du prix de l’or, c’est comme celle du prix du bitcoin, en mieux parce qu’on en connaît à peu près les usages, et depuis plus longtemps, en pire parce que si la quantité est finie, on n’est pas tout à fait sûr de la connaître (16 années de réserves mondiales au rythme d’extraction actuel selon l’agence géologique américaine USGS), alors que le dernier bitcoin sera « émis » en 2140. Donc je ne me risquerai pas à l’exercice.
La dernière fois que nous avons abordé le sujet (ici), l’or s’échangeait à 2 100$ l’once. Depuis, malgré des taux « higher for longer » et la hausse du $, il a continué à s’apprécier, grâce à la forte demande des banques centrales et des particuliers en Asie : la demande de lingots et pièces d’or en Chine a augmenté de 68% au premier trimestre, la gen Z chinoise épargne en perles d’or, la spéculation sur les futures sur le Shanghai Exchange a été telle qu’elle a entraîné la mise en place par le régulateur de mesures de restriction du trading sur l’or et l’argent en avril, et en Corée du Sud les lingots sont vendus dans des distributeurs automatiques situés dans des épiceries. A contrario, les institutionnels et les particuliers occidentaux ne s’intéressent pas à l’or depuis 2019, si l’on en juge par les retraits opérés dans les ETF or physique depuis 2019.
Les craintes de dépréciation des monnaies, et la volonté des banques centrales émergentes de se détacher du $ pour leurs réserves, ne vont pas disparaître de sitôt, même si les réserves d’or chinoises, qui représentent officiellement 4% de leurs réserves totales, sont probablement massivement sous-déclarées. Les risques géopolitiques sont également amenés à perdurer. Le ratio S&P 500/or, historiquement élevé, milite pour une place dans les allocations en protection contre un retournement du marché, tandis que les titres des minières aurifères sont en retard sur le cours du métal. En revanche, au prix actuel (environ 2 300$), certains acheteurs se retirent : la Chine n’a pas acheté d’or le mois dernier, après avoir diminué la taille de ses achats mois après mois. De quoi entraîner une pause dans la hausse, tandis que Les ETF pourraient prendre graduellement le relais : les souscriptions nettes sont repassées en territoire positif pour la première fois depuis 12 mois en mai.
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