
Les marchés balaient le rebond de l’inflation et les nouvelles hausses de droits de douane aux Etats-Unis, entraînant l’Europe, qui bénéficie également de l’espoir d’une fin du conflit en Ukraine et des appels à laisser filer les déficits. Les titres chinois poursuivent leur rebond grâce aux valeurs technologiques.
Des OPCVM aux ETF actifs : un cycle d’innovation dans la gestion.
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, l’administration annonce 25% de droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium à compter du 12 mars. L’année suivant la mise en place de mesures équivalentes lors du premier mandat de Trump, l’économie américaine avait perdu des emplois manufacturiers. En fin de semaine, Trump demande à son administration de proposer des taxes pays par pays, sur la base de la réciprocité, dont les contours doivent être communiqués d’ici le 1er avril. L’indice NFIB de sentiment des PME baisse après son record de décembre. Lors de son témoignage devant le Congrès, Jerome Powell répète que la Fed ne voit pas d’urgence à rendre sa politique monétaire plus accommodante. C’est d’autant plus vrai que les prix à la consommation augmentent un peu plus que prévu en janvier (3% en rythme annualisé contre 2,9% en décembre). Faits contre opinions : la polarisation entre camps opposés est telle que les anticipations d’inflation à un an mesurées dans le sondage de l’université du Michigan (celui qui donne la tendance sur la confiance du consommateur) sont de 0 pour les Républicains et de plus de 5% pour les Démocrates. Un écart jamais observé, même à la fin des années 70.
Dans la zone €, la production industrielle baisse moins que prévu (-2% en décembre). La deuxième estimation de la croissance du PIB au quatrième trimestre est inchangée à 0,9%. Au sommet de l’IA à Paris, Ursula von der Leyen annonce l’initiative InvestAI, qui vise à mobiliser 200 Md€ pour les investissements dans l’intelligence artificielle en Europe, dont 20 Md€ via un fonds destiné à financer des gigafactories (7 d’entre elles ont déjà été annoncées en décembre) via des partenariats public-privé. La France annonce de son côté 109 Md€ d’investissements sur le territoire au cours des prochaines années, dont 30 à 50 provenant des UAE et 20 du Canadien Brookfield Asset Management, dans les deux cas pour la construction de datacenters.
En Chine, le spectre de la déflation est repoussé pour l’instant, les prix à la consommation ayant augmenté de 0,5% en janvier. Les prix à la production restent en baisse (-2,3%). Le gouvernement local de Shenzhen est intervenu fin janvier pour empêcher la faillite du promoteur immobilier China Vanke, après avoir laissé ses concurrents comme Evergrande faire défaut depuis 4 ans. Les prix de l’immobilier résidentiel ont baissé de 30% depuis leur pic de 2021, et le pays détient le record du monde de dette à restructurer (160 Md$).
Micro 🔬
La trajectoire des ventes d’Nvidia est scrutée par les marchés, mais il est notoirement difficile d’anticiper les ventes de semiconducteurs en raison des cycles de stockage, par les clients finaux et les distributeurs. Les fournisseurs peuvent fournir quelques indications avancées. Du côté des producteurs d’équipements de fabrication des semiconducteurs, ASML s’est montré optimiste il y a quelques semaines, tandis que la semaine dernière, Tokyo Electron, fournisseur de TSMC et Samsung, annonçait prévoir des ventes stables en 2025 en raison d’achats anticipés de ses clients, notamment chinois, fin 2024.
Hon Hai Precision Industry, également connu sous le nom de Foxconn et fournisseur taiwanais d’Apple et Nvidia, publie un chiffre d’affaires en hausse de 3% en janvier et signale que la croissance séquentielle entre le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025 sera plus forte que les années précédentes. La nouvelle relance l’intérêt pour tous les titres liés à l’intelligence artificielle. En revanche, TSMC, premier fondeur mondial de semiconducteurs, publie un chiffre d’affaires en hausse de 36% en janvier, un ralentissement par rapport à la croissance de décembre. La production ayant été affectée par le tremblement de terre du 21 janvier, les ventes du premier trimestre sont annoncées dans le bas de la fourchette des objectifs. L’objectif pour l’année est toujours d’une croissance de 24-26%. Par ailleurs, la société serait sollicitée par Intel (plus précisément par l’administration américaine) afin de lui envoyer ses ingénieurs, voire de prendre la direction opérationnelle, pour réintroduire la production de semis aux Etats-Unis.
Apple, qui ne peut proposer ses fonctionnalités d’intelligence artificielle en Chine que via un partenariat avec un local, utilisera la technologie d’Alibaba.
Un groupe d’investisseurs mené par Elon Musk propose 97,4 Md$ pour l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI (et qui pourrait détenir 25% de la société commerciale). Sam Altman répond No thank you but we will buy twitter for $9,74bn if you want (Musk a payé le réseau social 44 Md$). Le dernier tour d’OpenAI (octobre 2024) s’est fait sur une valorisation de 154 Md$, la levée en cours serait de 40 Md$ sur une valorisation de 300 (pré ou post-money selon les sources).
Le fabricant de véhicules électriques BYD annonce inclure les fonctionnalités de conduite assistée avancée gratuitement dans ses modèles (commercialisés à partir de 13 700$). C’est 99$/mois pour l’équivalent chez Tesla aux Etats-Unis.
Après Uber la semaine dernière, c’est au tour de Lyft d’être sanctionné pour des objectifs décevants. Les sociétés de voiturage doivent faire face à une compétition accrue et à des coûts, juridiques et d’assurance notamment, en hausse.
Le chiffre d’affaires de Kering est en retrait de 12% au quatrième trimestre comme sur l’ensemble de l’année 2024, en raison de la forte baisse des ventes de Gucci, tandis que le résultat net récurrent baisse de 57% sur l’année. Une performance qui contraste avec celle d’Hermès, qui publie deux jours plus tard un chiffre d’affaires annuel et un résultat net en hausse de respectivement 13% et 7%, et se montre optimiste pour l’année en cours.
Honda et Nissan renoncent à la fusion envisagée.
Carrefour offre de racheter les minoritaires de sa filiale brésilienne cotée (Atacadão).
La minute innovation 🧚🏻
Selon l’indice économique d’Anthropic, l’usage de l’IA est concentré dans le développement de logiciels et globalement les tâches d’écriture technique (environ 50% des usages).
Et toujours selon le boss d’Anthropic, le Paris AI Action Summit n’a pas répondu aux principales préoccupations, à commencer par l’émergence prochaine d’un « pays de génies dans un datacenter ».
Bloomberg a demandé à quelques spécialistes de l’IA de valoriser DeepSeek, et la fourchette est large (de 1 à 150 Md$). Pour mémoire, OpenAI serait à 300 Md$ sur son prochain tour, Anthropic est valorisée 60 Md$, et Mistral AI 6.
L’art de la réinvention
Si vous investissez en actions, vous avez en moyenne 52 ans, et si vous en achetez régulièrement, vous faites partie des 1,23% (le pourcentage d’investisseurs dans la population française au deuxième trimestre 2024 selon l’AMF). Si vous avez acheté des ETF sur la même période, vous êtes encore plus minoritaire, mais vous êtes plus jeune (41 ans en moyenne). Depuis début 2024, en raison de la disparition graduelle de certains verrous du marché et grâce au développement de plateformes à destination des plus jeunes, la France n’est plus l’exception européenne en ce qui concerne le recours aux ETF. Et la croissance est particulièrement forte chez les moins de 34 ans.
Un ETF (Exchange Traded Fund), ou fonds indiciel coté, est un produit financier qui réplique la performance d’un indice boursier, d’un secteur, d’une classe d’actifs (actions, obligations, matières premières) ou d’une stratégie d’investissement. Coté en continu sur les marchés boursiers, il combine les avantages des actions (facilité d’achat et de vente) et ceux des fonds traditionnels (diversification), avec une totale transparence (l’intégralité des titres détenus est publiée, alors que dans le cas d’un fonds classique l’obligation ne porte que sur les principales positions), et des frais de gestion réduits. Un ETF a la même caractéristique juridique qu’un fonds (OPCVM) s’il est diversifié. S’il est adossé à un seul actif (or physique ou bitcoin par exemple), c’est un produit structuré (qualifié selon les cas d’ETN, ETC ou ETP), donc une obligation associée à des options, qui porte un risque de défaut de l’émetteur.
Les ETF sont nés au début des années 90 dans le but de répliquer la performance d’indices, et sont aujourd’hui encore assimilés à la gestion passive : on les utilise pour s’exposer par exemple au S&P 500 sans faire de pari sur des titres spécifiques. La promesse : obtenir la performance de l’indice à moindre coût. Ainsi, quand un fonds d’actions internationales actif distribué en France supporte en moyenne 1,5% de frais courants, le premier (historiquement et par la taille) ETF sur le S&P500, le SPDR S&P 500 ETF Trust, affiche des frais de 0,09%. L’indice répliqué peut être comme ici un indice de marché, mais également un indice sectoriel, ou de plus en plus souvent un indice thématique (ad hoc) permettant de suivre la performance des sociétés impliquées dans l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables, la blockchain etc. Enfin, sont apparus il y a une dizaine d’années les ETF actifs, où le gérant applique sa stratégie comme dans un fonds traditionnel. Ne représentant encore qu’une petite part (un peu plus de 5%) des 14 000 Md$ d’encours d’ETF dans le monde, ce sont ceux qui affichent la plus forte croissance. Et des frais de 0,65% en moyenne. Pas ceux des OPCVM, mais en amélioration par rapport aux ETF indiciels.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.
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