☀️ Semaine positive aux Etats-Unis, où la croissance surprend toujours positivement, et plus encore en Europe, où les marchés parient toujours sur une baisse des taux à court terme. Avec l’acquisition des droits de retransmission du catch par Netflix et l’OPA de la Française des Jeux sur Kindred, point sur le marché du sport.
Macro 🌡️
Aux Etats-Unis, le PMI composite, à 52,3, surprend positivement après le 50,9 de décembre, et le PMI des services affiche un plus-haut de 7 mois (52,9). Le PIB du quatrième trimestre, à 3.3%, est également meilleur que prévu, et les ventes de maisons neuves s’améliorent de nouveau. Seules les commandes de biens durables et les demandes initiales d’allocations chômage (214 000) déçoivent un peu. Les dépenses de consommation personnelle, mesure d’inflation regardée par la Fed, augmentent de 2,9%, comme prévu. Certains vétérans des marchés refont le parallèle entre le covid et la grippe espagnole, estimant qu’avec une productivité qui recommence à augmenter et une inflation maîtrisée nous sommes au début des Roaring Twenties. L’indicateur avancé du Conference Board, en baisse en décembre pour le 21ème mois d’affilée, continue à indiquer une récession mais s’infléchit. Les futures anticipent désormais une première baisse des taux en mai.
Le poids de la tech dans le S&P 500 dépasse 30% pour la première fois depuis 2000.
La BCE maintient ses taux inchangés et réitère qu’une première baisse pourrait intervenir à l’été. Les marchés (via les swaps) évaluent à 90% les chances qu’elle ait lieu en avril. Le PMI composite pour janvier reste en territoire de contraction mais s’améliore un peu relativement à décembre (47,9 vs 47,6). Il se détériore en France (44,2) et en Allemagne (47,1). Le hedge fund Qube, 12 Md$ d’encours affichés il y a un an environ, a shorté des titres allemands (Volkswagen, Rheinmetall, Siemens Energy, Deutsche Bank) à hauteur d’1Md$.
La Banque du Japon maintient son taux directeur à -0,1%.
La Chine envisagerait un plan de stabilisation du marché actions de 278Md$ en mobilisant les fonds offshore des entreprises d’Etat. Elle baisse également le taux de réserve obligatoire des banques de 0,5%. Les titres cotés en Chine et à Hong Kong ont perdu depuis leur plus-haut de 2021 6 trillions de $, l’équivalent de la capitalisation boursière du Japon. Et en fin de semaine, un projet de loi US proposant l’interdiction des produits de deux sociétés médicales en raison de leurs liens avec le parti communiste envoie les titres à -30%. L’affrontement US Chine est là pour durer.
Le monde des cryptos rappelle celui des actions il y a quelques décennies, avec une analyse largement cantonnée au chartisme et autres graphes. L’un des plus populaires récemment : celui du cours de l’or après le lancement du premier ETF (ticker GLD) il y a 20 ans. Mais la collecte sur les 11 ETF bitcoin ne s’est élevée qu’à 1,2Md$ pour la première semaine, contre 1,3Md$ pour la première semaine du GLD. Cette semaine, elle est inférieure à 1Md$. Le GLD a attiré 3,5Md$ d’encours la première année (et en compte désormais 56), les attentes pour les ETF bitcoin vont de 10 à 100Md$ cette année. Un peu optimiste tant que la crypto n’attire pas les institutionnels ? Quant aux ETF sur l’Ethereum, la décision de la SEC attendue cette semaine est reportée.
Micro 🏢
Plus de 70 sociétés publiaient leurs résultats cette semaine, pour le seul S&P500. Focus sur quelques publications notables.
Quelques sociétés, dont Tesla, Volvo, Tescoou Marks & Spencer avertissent de l’impact des attaques de houthis dans la mer Rouge sur leurs résultats, en raison des l’augmentation des délais de livraison ou du renchérissement de ces dernières (jusqu’à 300%). Selon Bloomberg, le consensus a baissé ses estimations de résultats pour les valeurs du secteur automobile de 5% au cours des trois derniers mois.
Le cours de Tesla plonge de nouveau. Le bilan 2023, c’est 38% de croissance de chiffre d’affaires, 1,8 millions de véhicules vendus, une production annualisée de 2 millions au quatrième trimestre, et un modèle Y devenu le véhicule le plus vendu au monde avec 1,2 millions d’exemplaires. Oui mais…38%, ce n’est pas les 50% promis, et surtout la croissance devrait ralentir (à un niveau non quantifié) en 2024. Elon a expliqué aux analystes que Tesla était entre deux phases de croissance majeures, la première ayant commencé avec l’expansion globale des modèles 3 et Y, la prochaine étant celle des véhicules de nouvelle génération (moins chers, dont la production pourrait commencer en fin d’année) et du stockage d’énergie (qui croît déjà plus vite que l’auto), sans compter le robot Optimus et la conduite autonome. De quoi en faire potentiellement « la société la mieux valorisée du monde. » AI robotics company. Quant aux 25% de droits de vote qu’il réclame : And if I’m, like, mad, they can throw me out, but it’s enough that I have a strong influence.
Self-driving road to nowhere ? La conduite autonome, Tesla en parle donc, ainsi que Waymo (Alphabet) mais Ford, Volkswagen et General Motors ont suspendu ou fermé leurs activités. Cette semaine, c’est Intel qui alerte sur le secteur en publiant un très bon T4 mais des objectifs largement inférieurs aux attentes pour le T1 en raison de déstockages dans ses activités non core, notamment les puces programmables et Mobileye, le spécialiste de la conduite autonome acquis en 2017 pour environ 15Md$ et 38x les ventes (LTM) et réintroduit en bourse en 2022 à 17Md$. Néanmoins, l’échec des constructeurs historiques ne justifie pas nécessairement d’enterrer la technologie.
Et si vous aimez les voitures moins modernes, il y a aussi ce catalogue.
Du côté des industrielles, DuPont perd 14%, sa pire journée depuis 2008, sur la publication de résultats décevants en raison de déstockages et du ralentissement chinois, et 3M 11% en publiant un chiffre d’affaires en baisse pour 2023 et des objectifs de ventes 2024 en faible croissance, attribués à un environnement macro-économique un peu morose. Des difficultés confirmées par le fabricant de semiconducteurs Texas Instruments, qui attribue le fort ralentissement du T4 aux marchés de l’industrie et de l’automobile.
Aux Etats-Unis tout se traduit en bourse, d’une manière ou d’une autre. Pour suivre les chances de Trump d’être élu, regardez le graphe de Digital Wold Acquisition Corp, le SPAC destiné à fusionner avec la société de média de Trump. Il est passé en janvier de 17 à 51$ environ, puis 35$. Fondamentaux et volatilité comparables (au mieux) au bitcoin.
Après Richemont, LVMH échappe au marasme du luxe et rebondit de près de 13% sur la publication de ventes en hausse de 10% au T4.
Un investissement poids moyen 🤼
Investir dans le sport, un pari gagnant ?
38% des adultes de la zone € font de l’exercice au moins une fois par semaine selon la Commission Européenne. Et environ 20% des Américains pratiquent tous les jours. Une proportion significative des autres le regardant à la télé, le marché n’est pas négligeable. Il représente par exemple 400Md$ pour les seuls vêtements et chaussures.
Le principal représentant des couch potatoes, Netflix, a annoncé cette semaine des résultats stellaires (notamment 13,2 millions d’abonnés supplémentaires au T4) et l’acquisition des droits exclusifs de Raw, une émission télévisée de catch de la société World Wrestling Entertainment. Le catch, ou lutte professionnelle (à ne pas confondre avec la lutte gréco-romaine), est une discipline à l’intersection du sport et du divertissement, où l’issue des combats, soigneusement scénarisés, est déterminée à l’avance. Très populaire en Europe au début du vingtième siècle, elle reste appréciée dans un certain nombre de pays dont les Etats-Unis, où WWE compte 11 millions de fans. On estime le montant payé par Netflix à 5Md$ sur 10 ans. La plateforme diffusera donc à partir de l’année prochaine 3 heures de lutte par semaine en direct, ainsi que d’autres émissions de WWE. TKO Holdings, propriétaire de WWE, a pris 24% sur la nouvelle, tandis qu’Endeavor Group Holdings prenait près de 7%.
Cette semaine aussi, la Française Des Jeux lance une OPA sur Kindred Group plc, un opérateur de jeux en ligne détenant notamment la plateforme Unibet, qui estime le marché mondial des paris en ligne à 77,7MdGBP, en croissance de 11% (2022-2027), réalise 38% de son chiffre d’affaires dans les paris sportifs, et comptait plus de 1,5 millions de clients actifs à fin septembre 2023.
Au-delà des usual suspects, Nike et autres Adidas ou Lululemon, le thème du sport regroupe de nombreux véhicules cotés : paris sportifs et retransmissions télévisuelles donc, e-sports puisque le CIO reconnaît la discipline depuis 2017, stations de ski, chaînes de fitness. Sans compter les équipements spécialisés, golf ou bientôt skis et raquettes avec l’introduction en bourse prévue cette année d’Amer Sports (Wilson, Salomon etc), filiale depuis 2019 du Chinois Anta Sports, qui souhaiterait lever 1,8Md$.
Un marché porteur, et des possibilités réelles de diversification.