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S&P 500 et Nasdaq terminent à l’équilibre une semaine chahutée, et l’Eurostoxx 50 enregistre même une petite hausse. Si la Fed est soupçonnée de réagir trop lentement, la BoJ s’est empressée de rassurer les marchés.

Première partie de notre série d’été : Que nous dit Darwin sur les écarts de performance (professionnelle) entre hommes et femmes ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, le PMI composite de juillet déçoit un peu (54,3 contre 54,8 en juin), mais les composantes emploi et nouvelles commandes de l’ISM non manufacturier rassurent, de même que les nouvelles demandes d’allocations chômage (233 000 après 250 000 la semaine dernière, chiffre révisé en hausse). Les adjudications de bons du Trésor US à 10 ans (42 Md$) et 30 ans (25 Md$) rencontrent une demande tiède. Les retards de paiements de plus de 30 jours sur les cartes de crédit (environ 6 500$ de dette par Américain) et les emprunts pour l’achat d’un véhicule augmentent significativement au deuxième trimestre (page 15 du rapport sur l’endettement des ménages de la Fed de New York). L’épargne des ménages est revenue à son niveau pré-crise financière de 2008.

Le PMI composite de la zone € baisse à 50,2 en juillet vs 50,9 en juin, en ligne avec les attentes. La confiance des investisseurs (Sentix, août) baisse fortement à -13,9. Les prix à la production baissent de 3,2% (juin 2024 vs juin 2023), une amélioration par rapport au mois précédent. Les ventes au détail baissent de 0.3% en annualisé.

Le carry trade (stratégie qui implique d’emprunter à taux bas pour acheter des actifs à rendement plus élevé, et mise en place en JPY compte tenu de la politique de taux bas de la BoJ), dont le débouclage à la suite du resserrement monétaire japonais, mais surtout de la soudaine hausse des anticipations de récession aux Etats-Unis, a participé à l’effondrement des bourses la semaine dernière, serait débouclé aux trois quarts selon JP Morgan. Le gouverneur adjoint de la BoJ est opportunément venu au secours des marchés en milieu de semaine en s’engageant à ne pas relever les taux lorsque les marchés sont instables, deux jours après la publication des minutes du comité de la BoJ, qui plaidait pour un relèvement progressif des taux jusqu’à 1%.

Les prix à la consommation se reprennent un peu en Chine à +0,5% en juillet, les prix à la production poursuivent leur baisse. La croissance des exportations ralentit en juillet, celle des importations accélère.

Micro 🔬

TSMC, qui fabrique les puces graphiques de nombreuses sociétés de semiconducteurs, dont Nvidia, rassure sur la composante IA du sentiment de marché en annonçant des ventes en hausse de 45% en juillet.

Berkshire Hathaway a vendu la moitié de sa participation dans Apple au deuxième trimestre, et détient désormais près de 280 Md$ de trésorerie.

Aux prises avec le Department of Justice américain depuis 2020 pour ses arrangements faisant de son outil de recherche l’option par défaut sur iOS et Android, Alphabet écope d’une décision négative d’un juge fédéral, qui considère qu’elle détient un monopole et a agi afin de le maintenir. Si le jugement était maintenu en appel, il ouvrirait la voie à une scission. C’est la première décision anti-monopole contre une société de technologie depuis des décennies.

Disney publie de bons résultats trimestriels et atteint l’équilibre dans le streaming, mais évoque un ralentissement inattendu de la demande aux Etats-Unis (nombre de visiteurs stable pour les parcs à thème pendant le trimestre), qui pourrait impacter les prochains trimestres.

Airbnb, qui publie des résultats décevants, mentionne également un ralentissement de la demande. Le CEO évoque des relais de croissance tels que l’expansion dans des pays comme le Japon, l’ajout de services aux invités, et le relancement de la marketplace Expériences (excursions et activités).

Les fabricants de médicaments anti-obésité affichent des performances divergentes lors de leurs publications de résultats trimestriels : Novo Nordisk est pénalisé par des ventes décevantes de Wegovy, dont le prix est affecté par des rabais concédés aux Etats-Unis, et révise ses objectifs de chiffre d’affaires à la hausse et de résultat opérationnel à la baisse. Le groupe ne produit pas encore suffisamment pour servir la demande, ce qui ne sera bientôt plus le cas pour le Zepbound de son concurrent Eli Lilly, qui publie un chiffre d’affaires en hausse de 46% à périmètre constant et revoit ses objectifs annuels à la hausse.

Palantir, spécialisée dans le big data, fait partie des gagnants de l’intelligence artificielle. Les logiciels de la société font face à « une demande débridée » selon le CEO. Le score de la société sur l’indicateur Rule of 40 est de 64%.

Bumble, l’appli de rencontres où les femmes font le premier pas, et qui promeut gentillesse, respect et empowerment, annonce un objectif de croissance de 1 à 2% en 2024. Le titre perd plus de 30%. La semaine dernière, Grindr (rencontres entre hommes – browse bigger, chat faster) a annoncé attendre une croissance de chiffre d’affaires de 27% cette année. Qui sera obtenu en se focalisant plus sur les rencontres que juste le sexe. Grindr vaut 2,5x plus que Bumble. Darwinien.

Techstars, l’accélérateur de startups new yorkais, licencie 17% de son personnel.

La minute innovation 🧚🏻

John Schulman, co-fondateur d’OpenAI, rejoint Anthropic (Amazon), qui développe Claude, un rival de ChatGPT.

OpenAI pourrait perdre 5Md$ cette année selon The Information, et cet article nous rappelle que Darwin, décidément pas omniscient (cf le dernier paragraphe), a perdu une fortune dans la Railway Mania.

La relève olympique est là : Google Deepmind dévoile les performances de son robot au ping pong.

Investir avec Darwin 🦁

En août on prend un peu la tangente. L’an dernier, nous avions fait un point sur la performance des sociétés et des fonds gérés par des femmes. Pour mémoire, 10% des sociétés du Fortune 500 ont une femme CEO, et 12% des fonds dans le monde sont gérés par des femmes selon Morningstar. Conclusion : elles font plutôt mieux, avec le caveat que l’échantillon est réduit. Pourquoi ? Elles seraient tenues à des standards plus élevés. Ce n’est qu’une hypothèse, voire une opinion, alors, que dit la science sur les fonctionnements des hommes et des femmes ?

Depuis Aristote, les zoologistes considèrent que le mâle est actif et efficace et la femelle passive, et que les inégalités de sexe sont dues au fait que les mâles se battent entre eux pour le pouvoir et la possession des femelles, celles-ci étant cantonnées au rôle de mères altruistes. Darwin, pas particulièrement misogyne pour son époque victorienne, même si avant d’épouser sa cousine (sic) il avait fait une liste des avantages et inconvénients du mariage dans laquelle figure better than a dog anyhow, a durablement teinté notre analyse des comportements mâles et femelles. Sa théorie de la survie des plus aptes ne permettant pas d’expliquer certains caractères sexuels secondaires (la ramure du cerf ou la queue du paon par exemple), il y ajouta le mécanisme de sélection sexuelle, selon lequel les traits tapageurs seraient conçus pour attirer le sexe faible : « ce sont les mâles qui se battent et qui déploient leurs charmes auprès des femelles », celles-ci se contentant de transmettre les gènes du dominant.

De nos jours, la zoologie n’a pas grande chose à envier à la gestion d’actifs : une revue de littérature de 2014 a mis en évidence que 49% des études recensées à date sur l’appareil génital concernaient seulement les mâles, 8% seulement les femelles. Les recherches récentes introduisent probablement le biais inverse, mais elles révèlent que le conflit sexuel est une force évolutive majeure, et que les mâles ne contrôlent pas grand-chose : s’ils veulent transmettre leurs gènes, les femelles veulent que leur progéniture n’hérite que des meilleurs, et l’évolution leur fournit des stratégies ad hoc. Le succès d’accouplement des jardiniers satinés ou des perruches dépend du jugement de la femelle sur la vivacité d’esprit du mâle, et certaines espèces où l’accouplement contraint est courant (colvert ou grand dauphin) ont développé des mécanismes permettant d’empêcher que ces agressions ne se soldent par une naissance. Qu’il s’agisse du cerf le plus fort ou du canard violeur, dans la plupart des cas ce sont les femelles qui choisissent le mâle, ou à défaut le spermatozoïde victorieux.

Pour les standards plus élevés évoqués en introduction, difficile de valider l’hypothèse, mais si diriger implique de savoir s’entourer, avantage aux femmes. Grâce à la loi Rixain, il y aura donc dans les directions des grandes entreprises à horizon 2030 un rééquilibrage entre faire-savoir et savoir-faire, et 60% d’individus doués pour la bagarre et les palabres, 40% capables de choisir les meilleurs (il faut tout cela, évidemment). 🙊

Suite et sources dans les prochaines éditions.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.