Drôle d’endroit pour une rencontre

Semaine à peu près neutre grâce au rebond de vendredi sur des chiffres de l’emploi US positifs qui éloignent le spectre de la récession. L’annonce intervient après de nouvelles craintes sur les banques régionales américaines qui avaient entraîné les marchés à la baisse.

Macro 🌡️

Aux Etats-Unis, petit rebond de l’ISM manufacturier, qui reste néanmoins en territoire de contraction (inférieur à 50). Les ventes au détail décélèrent et les statistiques sur l’emploi déçoivent en début de semaine mais le rapport publié vendredi fait état de 253 000 créations d’emplois non agricoles en avril, et d’un taux de chômage de 3,4%. Janet Yellen, secrétaire d’Etat au trésor, avertit que les mesures extraordinaires de paiement des factures du gouvernement pourraient arriver à échéance le 1erjuin si le Congrès ne relève pas le plafond de la dette. Pour Stanley Druckenmiller, célèbre gérant de hedge funds très inquiet sur les conséquences de 10 ans d’assouplissement monétaire, s’inquiéter du plafond de la dette est comme « être assis sur une plage de Santa Monica en s’inquiétant de l’impact d’une vague de 10 mètres alors qu’un tsunami de 70 mètres est à l’horizon ». La Fed relève ses taux de 0,25% et rappelle que son objectif premier est de ramener l’inflation à 2%, et que cela prendra du temps : probablement pas de hausse supplémentaire donc, mais pas de baisse non plus, le fameux pivot attendra.

Réaccélération de l’inflation en zone euro (à 7%), mais décélération pour l’inflation « core », plus importante pour la BCE. Le taux de chômage (mars) s’établit à 6,5%, un plus-bas de 15 ans. Le sondage sur les conditions de crédit de la BCE met en évidence une baisse de la demande de crédit des entreprises et un resserrement des conditions de crédit des banques. 

Le FMI relève ses prévisions de croissance en Asie.

Forte baisse du prix du pétrole sur la semaine, en raison d’attentes de ralentissement de la demande.

Micro 🏢

Les mentions d’intelligence artificielle dans les conférences téléphoniques de résultats sont en hausse de 72%, celles de resserrement du crédit dépassent largement le niveau atteint après la crise financière de 2008. 

L’intelligence artificielle fait par ailleurs sa première victime en bourse : Chegg, dont la mission est d’améliorer l’apprentissage des étudiants, notamment en les aidant à faire leurs devoirs, mentionne lors de sa publication de résultats une augmentation rapide depuis mars de l’intérêt des étudiants pour ChatGPT qui aurait des répercussions sur la croissance des nouveaux clients. Bilan : -48%. Le thème de l’éducation, pour plaisant qu’il soit en apparence, notamment pour les fonds ESG, confirme son statut de champ de mines.

Les avoirs de First Republic sont rachetés par JP Morgan. Après une journée de répit, les banques régionales souffrent de nouveau de dégagements, avec des baisses marquées notamment de PacWest Bancorp et Western Alliance. Les deux sociétés enregistrent même des baisses de plus de 50 et 30% respectivement jeudi après avoir annoncé (ou avoir fait l’objet de rumeurs dans le cas de la seconde) passer en revue leurs options stratégiques.

Kenvue, le spin off de l’activité santé grand public de Johnson & Johnson, fait son entrée en bourse sur une valorisation de 41Md$ et prend 22% le premier jour de cotation. JNJ en détient encore 90,9%.

Estee Lauder fait son troisième profit warning en 6 mois, qu’elle attribue à une reprise plus modeste que prévu en Chine continentale et à des niveaux de stocks élevés dans le travel retail, stocks qui pèseront sur les ventes jusqu’au troisième trimestre.

Après Anthropologie, Banana Republic, Office Depot, Saks 5th Avenue et Whole Foods, c’est au tour de Nordstrom d’annoncer fermer son point de vente du centre de San Francisco, devenu un coupe-gorge.

Uber anticipe une forte croissance des commandes au deuxième trimestre, et des résultats supérieurs de 20% au consensus des analystes. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires a progressé de 29%, et les résultats se rapprochent de l’équilibre.

Le chiffre d’affaires trimestriel d’Apple est en baisse de 3% (ventes d’iPhone +2%), pour des bénéfices par actions stables, des résultats supérieurs aux attentes du marché. Le groupe augmente son dividende de 4%, annonce un rachat d’actions de 90Md$, et déclare ne pas envisager de plan massif de suppressions d’emplois comme les autres géants de la tech.

Adidas retrouve un peu d’optimisme malgré des résultats trimestriels encore mitigés : ventes en baisse et chute de la marge brute en raison de la disparition des ventes de Yeezy, le sneaker de Kanye West dont la société ne sait pas encore comment gérer les stocksà la suite de l’arrêt de l’accord avec le rappeur.

Drôle d’endroit pour une rencontre ❤️‍🔥

Nous avons parcouru l’étude de Stanford signalée par TTSO cette semaine _ Désintermédiation de vos amis : Comment les rencontres en ligne remplacent les autres rencontres aux Etats-Unis. Publiée en 2019, elle repose sur un sondage effectué deux ans auparavant auprès de 5421 couples hétérosexuels. 39% se sont rencontrés en ligne (vs 2% en 1995 et 22% en 2009), 20% via leurs amis. Seul autre moyen de rencontre en forte hausse : dans un bar ou un restaurant (27% contre 19% en 1995). On vous laisse trouver l’explication.

Selon Match Group (12 marques principales dont Match, Tinder ou Meetic), 51% des célibataires américains utilisaient une application de rencontres en 2022, une proportion qui monte à 63% chez les 18-24 ans. Au point que la croissance patine un peu et pèse sur la valorisation du groupe coté, qui capitalise près de 10Md$. Le secteur, qui comprend également Bumble, Hello Group, Grindr et Sparks Networks, capitalise un peu moins de 20Md$, pour un marché estimé par Statista à 3Md$, et dont la croissance attendue sur les cinq prochaines années n’est que de 3%. L’uberisation de la rencontre a donc vécu, à moins que les relais de croissance que sont la monétisation (abonnements payants, abonnements premium, cadeaux virtuels, coachs) et l’utilisation de l’intelligence artificielle, encore elle (amélioration des algorithmes, authentification des profils, suggestion de sujets de conversation) ne permettent une réaccélération.