Destruction créatrice

Evolution des indices à la clôture de jeudi          

                           depuis une semaine      depuis le début de l’année        

CAC 40                           5%                                   -13%   

S&P500                          6%                                   -19%   

Dow Jones                     5%                                      0%   

Nasdaq                          7%                                    -16% 

La macro

Baisse du PMI composite US à 47.5 après 52.3 en juin, en territoire de contraction (inférieur à 50), en raison de la faiblesse des services. Demandes d’allocations chômage hebdomadaires à 251000, un plus-haut de huit mois et au-dessus des attentes.  Baisse de 5.4% des ventes de maisons existantes en juin, et de 16% des mises en chantier. Chute de l’indice de la Fed de Philadelphie, le Philly Fed, à -12.3. Le Conference Board (think tank fondé en 1916 réputé pour ses statistiques) baisse ses attentes de croissance de PIB à 1.7% pour 2022 et 0.5% pour 2023 et attend une récession fin 2022 ou début 2023. Au vu des chiffres de la semaine, on ne peut que le croire.

En Europe également, le PMI composite entre en contraction (49.4), et la confiance des consommateurs plonge (-27). Le premier ministre italien Mario Draghi démissionne après le refus de trois partis de sa coalition de participer au vote de confiance.   La BCE relève ses taux directeurs de 50bps au lieu des 25bps attendus initialement. Fin des taux négatifs. Et début de l’IPT, instrument de protection contre la transmission (ou bouclier anti-fragmentation de la zone €), mécanisme permettant à la BCE d’acheter la dette des Etats en difficulté. Suffisant pour inverser la tendance du spread Italie Allemagne ? 

Les sociétés

Tesla prend près de 10% à l’annonce de ses résultats du second trimestre : chiffre d’affaires en hausse de 42% sur la même période de 2021 (tiré par des hausses de prix à deux chiffres), marge opérationnelle de 14.6%, 1000 véhicules par semaine produits dans la Gigafactory de Berlin, 18,3Md$ de trésorerie, vente de 75% de sa position en bitcoin pour 936M$ (le groupe garde ses dogecoins). Pour faire du cash ; n’y voyez pas un verdict sur la crypto. Le papy sociopathe d’Omaha doit bien rire.

Netflix ne perd que 970000 abonnés au deuxième trimestre, au lieu des 2 millions annoncés il y a trois mois, et prévoit d’en gagner 1 million au troisième.

Forte baisse d’American Airlines et United Airlinessur la publication de leurs résultats. Le DG de cette dernière a averti que les risques (récession, prix du fuel, problèmes opérationnels) pourraient augmenter au cours des prochains 12 à 18 mois. Les réservations sont en forte hausse, mais les coûts également et la société anticipe une réduction de ses capacités de 13% cette année par rapport au niveau pré-covid. Même son de cloche chez American Airlines. Jouer la reprise via les compagnies aériennes était une fausse bonne idée….

Même chose pour les croisiéristes : l’annonce par Carnival(P&O, Costa, AIDA) d’une augmentation de capital de 1Md$ pour payer ses échéances de dette 2023 sème la panique sur les titres du secteur.

Nancy Pelosi, porte-parole de la chambre des représentants, fait la une de la presse après l’acquisition par son mari de 5M$ de titres du fabricant de semi-conducteurs Nvidia, peu de temps avant le passage au congrès d’un plan de soutien pour le secteur. Le cœur à gauche

Amazon achète One Medical, un équivalent de Doctolib, pour 3.9Md$. Amazon a lancé plusieurs initiatives plus ou moins réussies dans la santé.

Résultats décevants de Twitter, avec des usagers en hausse de 16.6% mais des ventes en baisse de 1% et une perte opérationnelle de 344M$. Pas de conférence téléphonique, de lettre aux actionnaires ou de prévisions financières : pas le moment de gêner le travail des avocats. Le procès est pour octobre.

Echaudés par les titres des compagnies aériennes ou de croisières ? Sinon il y a EDF. A condition de l’avoir achetée très récemment. L’Etat achètera les 15.9% du capital qu’il ne détenait pas à 12€ par action, une prime de 53% sur le prix de clôture avant l’annonce de la privatisation.

Ericsson affiche des ventes en hausse de 5% au deuxième trimestre, et une marge brute en baisse. Le groupe maintient son objectif de marge d’EBITA long terme (2-3 ans). Aussi immuable que les déceptions trimestrielles sur la marge et les dépréciations d’actifs.

L’activité dans le private equity US a fortement baissé au premier semestre, passant de 9171 opérations au premier semestre de l’année dernière à 4337 cette année. Le capital-risque a pour sa part levé 121.5Md$, 13% de moins qu’à la même période de l’année dernière.

Pour la French Tech, c’est 8.4Md€ de levées au premier semestre (sur les 54.4Md€ levés par des start ups en Europe), avec notamment Qonto (comptes bancaires professionnels), EcoVadis (scoring de durabilité), Back Market (reconditionnement de produits technologiques) et Exotec (robotique pour les entrepôts). Et un bon début de deuxième semestre avec les 600M$ levés par Contentsquare (analyse comportementale en ligne).

Destruction créatrice

Cathy Wood, 67 ans et papesse de la disruption aux Etats-Unis, a fermé pour la première fois un de ses fonds, l’ETF ARK Transparency (qui visait à investir dans des sociétés affichant un haut score de transparence). La fermeture est due à l’arrêt par son fournisseur Transparency Global du calcul de l’indice. Pour mémoire, les ETF sont des fonds cotés dont la stratégie consiste généralement à répliquer un indice. Initialement conçue pour pouvoir répliquer à bas prix la performance du CAC40 ou du S&P500, la gestion dite passive a graduellement mué vers une gestion un peu plus active et mieux margée avec la création d’ETF de toute nature. ARK Invest commercialise ainsi douze stratégies, de l’innovation disruptive à l’impression 3D en passant par la révolution génomique ou l’innovation fintech.

Lancé en 2021, Ark transparency Fund n’avait que 12M$ d’encours, un détail pour ARK Invest, qui gérait au plus-haut près de 30Md$. La société subit une forte décollecte depuis le début de l’année et a perdu la moitié de ses encours. Alors qu’on attribue une plus grande prudence aux femmes dans leurs investissements (on a essayé de trouver de la littérature scientifique convaincante pour corroborer ou réfuter l’hypothèse, sans succès), Wood est réputée pour son absence de contrôle des risques, bien que sa société tire son nom de l’arche d’alliance, réceptacle des tables de la loi. Deux bons résumés sur la dame, en anglais et en français.

Chers lecteurs, bonnes vacances et rendez-vous en septembre.