La hiĂ©rarchie des indices est bousculĂ©e dans une semaine globalement positive oĂč le Dow Jones et l’Eurostoxx font mieux que le S&P 500 et surtout le Nasdaq, la perspective d’une premiĂšre baisse de taux de la Fed en septembre dans un contexte Ă©conomique encore favorable pĂ©nalisant la plupart des Magnificent 7.

Investir en 2024 : Quelles sont les conséquences de la concentration du S&P 500 pour les marchés et la gestion active ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, Jerome Powell dĂ©clare qu’il faut plus de donnĂ©es pour s’assurer de la tendance de l’inflation, mais note Ă©galement le refroidissement du marchĂ© du travail, et plus prĂ©cisĂ©ment que le travail n’est pas source d’inflation Ă  prĂ©sent. Les prix Ă  la consommation affichent 3% de hausse en juin (annualisĂ©), aprĂšs 3,3% en mai, et l’inflation sous-jacente ralentit Ă  3,3%. Le marchĂ© assigne 90% de probabilitĂ© Ă  une premiĂšre baisse de taux en septembre. Le coĂ»t annuel de la dette US dĂ©passe 1 100 Md$. L’indice NFIB (sentiment des petites entreprises) remonte au niveau de dĂ©cembre dernier mais reste toujours au-dessous de sa moyenne historique, et le sentiment du consommateur (indice Michigan) retombe Ă  66 en juillet.  Les donnĂ©es d’emploi (inscriptions nouvelles et totales au chĂŽmage) sont modĂ©rĂ©ment plus favorables que ces derniĂšres semaines.

La confiance des investisseurs de la zone € (Sentix) baisse fortement. Les prix Ă  la consommation augmentent de 2,2% en Allemagne et en France. Moody’s avertit que la perspective de la note de crĂ©dit de la France (Aa2) pourrait passer de stable Ă  nĂ©gative « si les choix politiques avaient des implications nĂ©gatives matĂ©rielles Ă  moyen terme sur le potentiel de croissance et/ou la trajectoire budgĂ©taire ». Pour les abonnĂ©s Bloomberg, trĂšs bonne visualisation de l’évolution des partis en France depuis 2012 ici. L’INSEE attend 1,1% de croissance en 2024 : du PIB, des Jeux, des inconnues. Pas mieux.

Au UK, la croissance du PIB accĂ©lĂšre Ă  1,4% annualisĂ© (en mai, vs 0,7% en avril). Le gouvernement annonce un National Wealth Fund (fusion de deux institutions prĂ©existantes) pour investir dans les industries du futur en s’appuyant sur l’investissement privĂ© et lui alloue 7,3 MdÂŁ de financements additionnels.

La Banque du Japon serait de nouveau intervenue pour soutenir le JPY à hauteur de 22 Md$.

En Chine, les prix Ă  la consommation et Ă  la production restent dĂ©primĂ©s (respectivement +0,2% et – 0,8% par rapport Ă  juin 2023). L’usine du monde tourne toujours : les exportations surprennent Ă  la hausse (+8,6% sur un an) les importations Ă  la baisse (-2,3%). La vingtiĂšme Ă©dition du « troisiĂšme plĂ©num » du parti communiste ouvre lundi : le rattrapage de Xi ?

Et si l’Europe voulait tout miser sur le tourisme, petite alerte sur l’état des aĂ©roports, dont aucun ne figure dans la liste des 10 meilleurs aĂ©roports du monde d’AirHelp. Vraiment surpris de ne pas y trouver ADP. 🙊

C’est la semaine de publication du Global Wealth Report d’UBS, Ă  tĂ©lĂ©charger ici : la richesse globale a augmentĂ© de 4% en 2023 (aprĂšs -3% en 2022), elle a augmentĂ© partout sauf en GrĂšce, au Japon, en Italie et en Espagne, et de maniĂšre disproportionnĂ©e en Turquie (+157%), au Qatar et en Russie. Les inĂ©galitĂ©s diminuent dans les Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es, augmentent dans les Ă©conomies en forte croissance, et compte tenu de la pyramide des Ăąges 83 333 Md$ vont ĂȘtre hĂ©ritĂ©s au cours des vingt prochaines annĂ©es, dont plus de 10% par des Ă©pouses.

Micro 🔬

Coup d’envoi de la saison de rĂ©sultats avec les banques en fin de semaine. Pour JP Morgan c’est facialement bon avec un produit net bancaire et un rĂ©sultat net en hausse de respectivement 20% et 35%, mais la progression est due en grande partie Ă  un gain exceptionnel sur la participation dans Visa (le rĂ©sultat hors exceptionnels baisse de 9%). OpĂ©rationnellement, la banque de dĂ©tail affiche un rĂ©sultat en baisse de 21% en raison entre autres de l’augmentation des pertes et provisions sur prĂȘts, la banque commerciale s’en sort mieux avec un rĂ©sultat net en hausse de 11% mais devant surtout aux activitĂ©s liĂ©es aux marchĂ©s (banque d’investissement et trading), et la division gestion d’actifs et de fortune voit son rĂ©sultat progresser de 3% malgrĂ© une hausse Ă  deux chiffres des actifs sous gestion. L’occasion pour Jamie de crier (encore) au loup en Ă©grenant la litanie de risques auxquels nous faisons face, Ă  commencer par « la situation gĂ©opolitique potentiellement la plus dangereuse depuis la seconde guerre mondiale ». Chez Citi, le PNB est en hausse de 4%, le rĂ©sultat de 10%, mais lĂ  aussi grĂące Ă  des exceptionnels, tandis que les prĂȘts impayĂ©s progressent et que la marge d’intĂ©rĂȘt baisse. Wells Fargo est la plus sanctionnĂ©e boursiĂšrement en raison de la baisse de 9% de sa marge d’intĂ©rĂȘt.

Les exportations de semiconducteurs et équipements associés de Taiwan sont en hausse de 422% en juin, essentiellement en direction des US (74%).

Selon Goldman Sachs, les grandes techs amĂ©ricaines investissent 72% de leur cash flow en capex et R&D, en raison de l’IA notamment (les puces d’Nvidia), pas encore ce que les TMT claquaient au plus-haut de la bulle de 2000 (100%), mais on s’en approche.

La part de marchĂ© de Tesla dans les vĂ©hicules Ă©lectriques US tombe au-dessous de 50% pour la premiĂšre fois au T2. Bill Gross (co-fondateur du gĂ©ant de la gestion obligataire PIMCO) compare Tesla Ă  Gamestop : sagging fundamentals, straight up price action. Musk lui donne raison deux jours plus tard : aprĂšs le rebond considĂ©rable du titre au cours des derniĂšres semaines, l’annonce d’un dĂ©calage de l’annonce du robotaxi du 8 aoĂ»t au mois d’octobre entraĂźne une baisse de 8% du titre. En attendant, Baidu ouvre la voie puisque ses robotaxis rencontrent un franc succĂšs en Chine.

Selon IDC, les livraisons de PC ont augmentĂ© de 3% au T2, enregistrant un deuxiĂšme trimestre de croissance aprĂšs deux annĂ©es de baisse. Apple est en tĂȘte avec +21%, suivi d’Acer (+14%). Les premiers en parts de marchĂ© Ă  l’échelle mondiale restent Lenovo Group (23%) et HP (21%).

Nike recrute son ancien directeur gĂ©nĂ©ral de la zone AmĂ©rique du Nord, parti Ă  la retraite en 2020, afin de reconstruire sa relation avec ses distributeurs, dĂ©laissĂ©s au profit de la vente en direct. De l’importance des seniors


La wealthtech Envestnet fait l’objet d’une OPA de Bain Capital d’un montant de 4,5 Md$ (5,5x le CA, 16,6x l’EBITDA des douze derniers mois).

Eli Lilly lance une OPA sur Morphic Holding (traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) pour 3,2 Md$ en cash, 79% de prime sur le dernier cours cotĂ©.

En Europe, une OPA conjointe sur Grifols de la famille et du fonds canadien Brookfield est Ă  l’étude, et le Danois Carlsberg s’offre le fabricant britannique de boissons sans alcool Britvic pour 3,3 MdÂŁ.

La minute innovation đŸ§šđŸ»

Tesla pourrait lancer un nouveau Model Y en 2025, en Chine puis aux Etats-Unis et en Europe.

« Le problĂšme avec la rĂ©glementation : vous ne pouvez rĂ©guler que ce qui est construit, et l’Europe ne construit rien de pertinent pour la technologie », analyse cet AmĂ©ricain que les pop ups et consentements divers sur les sites web en Europe agace et qui se demande pourquoi nous sommes obsĂ©dĂ©s par des donnĂ©es dont les entreprises n’ont pas l’usage sauf en agrĂ©gĂ©, et par la nationalisation d’innovations dĂ©veloppĂ©es sur capitaux privĂ©s.

Apple et Microsoft font machine arriĂšre et abandonnent leurs siĂšges d’observateurs (annoncĂ© trĂšs rĂ©cemment dans le cas d’Apple) au conseil d’administration d’OpenAI, dans le but sans doute de faciliter la confrontation avec les autoritĂ©s anti-trust amĂ©ricaine et europĂ©enne.

Succùs en demi-teinte pour le tant attendu lancement d’Ariane 6.

Concentration đŸ‘©đŸ»â€đŸ’»

Investir en 2024

La gestion active enregistre une performance mĂ©diocre au premier semestre : selon Morningstar, 18% des fonds battent le S&P 500, contre 27% en moyenne au cours des dix derniĂšres annĂ©es (et 63% en 2022, quand les hausses de taux de la Fed on fait trembler les marchĂ©s). Les deux meilleures dĂ©cennies des cinquante derniĂšres annĂ©es pour la gestion active : les annĂ©es 70 et les annĂ©es 2000, oĂč les petites capitalisations boursiĂšres faisaient mieux que les grandes.

Le S&P 500 est un indice pondĂ©rĂ© par les capitalisations, et sa concentration fait l’objet d’un dĂ©bat, en raison de ses Ă©ventuelles implications pour le directionnel de marchĂ© d’une part, et de ses consĂ©quences pour la gestion active.

Fin 2023, selon Morgan Stanley, les dix premiers titres reprĂ©sentaient 27% de l’indice, contre 14% dix ans auparavant, Le prĂ©cĂ©dent plafond sur la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e (1950-2023) avait Ă©tĂ© atteint en 1963, Ă  30%, le plancher en 1993 (12%), mais le marchĂ© Ă©tait plus concentrĂ© au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle (38% pour le top 10 en 1900). Pour le MSCI World All Country (47 pays), le top 10 Ă©tait Ă  19% fin 2023. Les Etats-Unis ne sont pas, et de loin, le marchĂ© le plus concentré : ils arrivent en neuviĂšme position, loin derriĂšre la Suisse ou la France (entre 50 et 70%). En 2000, la palme revenait Ă  la Finlande, avec plus des deux tiers de l’indice dans Nokia.

Sur les 28 000 sociĂ©tĂ©s ayant appartenu Ă  la cote amĂ©ricaine entre 1950 et 2023, 11 sont restĂ©es dans le top 3 (mesurĂ© en fin d’annĂ©e) plus de deux ans. Les championnes : ExxonMobil (47 ans), AT&T (39), IBM (28), General Electric (23) et Microsoft (22). Nvidia est entrĂ©e dans le top 3 dĂ©but 2024.

Jeudi, le trade s’est inversé : alors que 400 titres du S&P 500 montaient, l’indice a baissĂ© en raison des prises de bĂ©nĂ©fices sur les grandes capitalisations de la tech. Et les cinq ETF de plus de 200 Md$ d’encours (deux d’entre eux, le iShares Core S&P500 ETF et le SPDR S&P 500 ETF Trust, ont dĂ©passĂ© les 500 Md$) dĂ©tenant collectivement environ un quart des encours totaux en ETF aux Etats-Unis, ont perdu du terrain. Encore un faux dĂ©part ou le dĂ©but d’une tendance ?

Selon Bank of America, la croissance des rĂ©sultats des 493 sociĂ©tĂ©s hors Magnificent 7 va accĂ©lĂ©rer : 6% au deuxiĂšme trimestre, 7% au troisiĂšme, 13% au quatriĂšme. Celle des 7 ralentirait. A confirmer puisqu’il s’agit d’anticipations, et que sur la pĂ©riode rĂ©cente le constat est clair : les Ă©carts de valorisation reflĂštent des Ă©carts de rentabilitĂ© croissants entre small caps et large caps, avec un retour sur capitaux investis de respectivement 4% et 10% (30% pour le top 3) selon MS.

Cette semaine, Bezos a vendu pour 863 M$ d’actions Amazon, portant ses ventes de juillet Ă  1,2 Md$.  Il avait dĂ©clarĂ© le 2 juillet son intention de cĂ©der 25 millions d’actions (prĂšs de 5 Md$), aprĂšs les 50 millions de fĂ©vrier (). Pour se hedger (un peu, puisqu’il lui restera encore 900 millions d’actions et des poussiĂšres) en achetant un indice Ă©quipondĂ©ré ?

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Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thĂšmes ou les titres mentionnĂ©s.

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