Semaine en baisse alors que les données macroéconomiques américaines, toujours solides, contrastent avec des publications de résultats plus mitigées. En Europe, l’économie est nettement moins flamboyante et l’assèchement de la liquidité se traduit par des plongeons boursiers spectaculaires. Point sur le photovoltaïque.
Macro 🌡
Aux Etats-Unis, l’estimation préliminaire de croissance du PIB au troisième trimestre ressort à 4,9%, très au-dessus des attentes et loin de la récession annoncée il n’y a pas si longtemps. La consommation reste solide, et les femmes n’y sont pas étrangères : la tournée de Taylor Swift a rapporté plus de 5Md$ en comptant les dépenses de consommation, à quoi s’ajoutent les performances non négligeables de Beyoncé et…Barbie. Les ventes au détail accélèrent (+5%), les commandes de biens durables sont en hausse de 4,7% en septembre, les nouvelles inscriptions au chômage marginalement au-dessus des attentes, et les PMI manufacturier et des services repassent au-dessus de la barre des 50. Tout va bien, même si Mike Johnson, député républicain de 51 ans proche de Trump, est élu président de la chambre des représentants.
Le PMI composite européen tombe à un plus-bas de trois ans à 46,5, clairement au-dessous du niveau de 50 signant la frontière entre expansion et contraction. La confiance des consommateurs est stable en octobre. La BCE fait une pause dans les hausses de taux : trop tôt pour déclarer victoire sur l’inflation compte tenu du rebond des prix de l’énergie, mais l’économie est à l’arrêt et les demandes de prêt chutent à un rythme équivalent à celui de la crise financière de 2008. Selon l’INSEE, la demande de logements adressée aux promoteurs immobiliers français est au plus-bas depuis 1991.
En raison de la baisse du yen, l’Allemagne devrait devenir cette année la troisième économie mondiale derrière ls US et la Chine. Xi Jinping rend visite à sa banque centrale pour la première fois depuis le début de son mandat, signalant qu’il se focalise sur l’économie. Il augmente également la limite du déficit budgétaire, jusque là fixée à 3%. Une réponse aux déboires du secteur immobilier, illustrée par la sortie du fondateur du promoteur Evergrande du club des milliardaires, sa fortune étant passée de 47Md en 2017 à « seulement » 979M$.
Micro 🏢
Bill Ackman (CEO de Pershing Square Holdings) et Bill Gross (co-fondateur de PIMCO) parient sur un rebond du marché obligataire. Le premier a couvert sa position vendeuse sur le 30 ans US.
Bons résultats de Microsoft, avec un chiffre d’affaires en hausse de 13% grâce à une accélération dans la division cloud (+29%), et une performance supérieure aux attentes des analystes dans toutes les divisions.
Alphabet déçoit : les résultats trimestriels sont au-dessus des attentes et les activités publicitaires se portent bien, mais Google Cloud ralentit à un niveau certes confortable (22%), mais en retrait sur le trimestre précédent (28%).
Amazon en revanche ne déçoit pas sur la croissance de sa division cloud AWS au troisième trimestre, et tandis que les objectifs du quatrième trimestre sont un peu décevants, la mention de commandes en forte hausse chez AWS soutient le titre.
Meta est poursuivie par un groupe de 30 Etats américains qui l’accusent d’exploiter les jeunes et de les exposer à du contenu dommageable via ses plateformes. La société publie d’excellents résultats trimestriels, mais évoque pendant la conférence des analystes des incertitudes sur le marché publicitaire qui entraînent une baisse du titre, participant à la correction du Nasdaq.
Résultats décevants de Texas Instruments, fabricant de semiconducteurs analogiques possédant le portefeuille de clients le plus diversifié de l’industrie, et donc indicateur avancé de l’économie. La société indique un rebond de la demande dans l’automobile, mais une faiblesse généralisée dans l’industrie.
Le fabricant de jouets Mattel publie de très bons résultats (notamment grâce au film Barbie) mais avertit que la demande ralentit à l’approche de la saison de Noël. Même chose pour son concurrent Hasbro.
Mastercard alerte sur un ralentissement des dépenses de consommation aux US et à l’international, tandis que Visa publie de bons résultats.
Nouveau deal dans l’énergie avec le rachat de Hesspar Chevron pour 53Md$ (60 en comptant la dette) en actions (avec une prime de 10% sur le dernier cours coté).
Dans une semaine qui voit Siemens Energy à -40% et Sanofià -18% sur leurs publications, c’est à Worldline que revient la palme : -59% sur une révision à la baisse des objectifs annuels de chiffre d’affaires, de marge opérationnelle et de flux de trésorerie disponible. La direction blâme un ralentissement économique, notamment en Allemagne, au cours du trimestre et la cessation volontaire de ses services à des commerçant en ligne ne respectant pas ses normes en matière de lutte contre la fraude et le cyber-risque (pas précisément impossible à prévoir ?).
Nous évoquions les difficultés du secteur du luxe la semaine dernière : cette semaine, Hermès et Brunello Cucinelli publient des résultats spectaculaires, Kering en revanche publie des ventes comparables en baisse de 9% sur le trimestre, et Remy Cointreau affiche -22% sur le premier semestre. La différence : ceux s’adressent au top 1% s’en sortent.
Barclays publie des revenus trimestriels en baisse de 26% pour sa banque d’investissement, revoit à la baisse ses attentes de marge d’intérêt sur son marché domestique et étudie un plan de réduction des coûts.
Le bitcoin s’apprécie fortement, ainsi que les titres des plateformes le commercialisant (Coinbase, Riot Platforms, MicroStrategyetc) en anticipation de l’approbation par la SEC de l’ETF Grayscale, qui investira directement dans la cryptomonnaie. Blackrock a également déposé une demande d’enregistrement.
L’Agence Internationale de l’Energie estime que la demande de pétrole atteindra son pic cette décennie en raison de la popularité des voitures électriques (ici, le best-seller au Japon) et du ralentissement de l’économie chinoise.
Comme neige au soleil 🌤
Les fonds d’investissement en actions cotées sur le thème des énergies propres ont affiché une performance spectaculaire en 2020, tirés le plan de relance américain (IRA) et son volet de 470Md$ de crédits d’impôts pour les énergies renouvelables, et par l’essor des véhicules électriques. Entre des valorisations devenues irréalistes et des hausses de taux dommageables pour les valeurs de croissance et/ou à capex et endettement élevés, ils ont depuis fortement baissé.
Ces derniers temps, les titres du solaire sont particulièrement chahutés : les 25 principaux titres du groupe ont perdu 44% depuis le début de l’année. Le 15 octobre, SolarEdge (onduleurs permettant de convertir le courant continu en courant alternatif) a réduit de 20% ses objectifs de chiffre d’affaires, en raison de stocks élevés dans ses canaux de distribution et d’un taux d’installation plus lent que prévu en Europe. Cette semaine, c’est au tour d’Enphase Energy (producteur de micro-onduleurs et de batteries) de publier un chiffre d’affaires en baisse de 13% et des objectifs pour le quatrième trimestre très inférieurs au consensus, en raison d’une baisse de la demande en Europe et aux Etats-Unis. SunPower (panneaux solaires) perd 23% à l’annonce qu’elle doit refaire ses comptes pour l’année 2022 et le premier semestre 2023, et Sunrun fait l’objet d’une attaque du short seller Muddy Waters (qui s’est par la passé attaqué à Casino), l’accusant de gonfler son nombre d’abonnés.
Selon Bloomberg, la capacité solaire installée devrait atteindre 367GW cette année, suffisamment pour assurer les besoins de pays comme l’Allemagne ou le Brésil, grâce à la baisse des prix des panneaux photovoltaïques. En 2022, 26 des 27 membres de l’Union Européenne ont déployé plus de capacité solaire que l’année précédente. Un marché porteur donc, un thème aussi (le nécessaire financement de la transition énergétique), à condition de choisir les bons véhicules d’investissement et d’éviter les effets de mode.