Semaine positive pour les marchés, les données économiques mitigées, notamment la croissance américaine au premier trimestre, étant éclipsées par les bons résultats de la plupart des grandes valeurs technologiques, qui expliquent à elles seules la hausse du S&P500 cette année.
La macro 🌡️
L’économie américaine a ralenti plus fortement que prévu au premier trimestre, avec une croissance de 1,1% contre 1,9% attendu (et 2,6% au quatrième trimestre de l’année dernière), tandis que l’inflation surprend à la hausse à 4,9%. L’inflation core en mars (PCE) ressort à 4,6%. En revanche le marché du travail reprend sa tendance favorable après deux semaines de détérioration : 230 000 demandes d’allocations initiales contre 250 000 attendues. Les dépôts de liquidités auprès des banques commerciales baissent à un rythme sans précédent. Quant aux indicateurs du marché du logement, ils tiennent mieux que prévu (volumes et prix).
La confiance des consommateurs européens s’améliore. L’inflation reflue en Allemagne, à 7,2%, quand même, tandis que la croissance du PIB au premier trimestre s’affiche à zéro. En France, c’est 0.2% pour le PIB et un rebond de l’inflation à 5,9%.
La micro 🏬
179 sociétés du S&P500 ont publié leurs résultats cette semaine. La progression de l’indice cette année est intégralement due à 8 titres (Apple et consorts), les 492 autres affichant une légère baisse.
First Republic Bank, banque régionale américaine spécialisée dans la gestion de fortune et victime de retraits de dépôts massifs depuis l’affaire SVB, publie des résultats inquiétants, avec des dépôts en baisse de 41% sur le trimestre précédent. La société retire ses objectifs annuels et annonce étudier des options stratégiques. Le titre termine la séance en baisse de 49%. En fin de semaine, Reuters annonce que le gouvernement essaie de coordonner un sauvetage de la banque.
Baisse de 10% d’UPS alors que les résultats trimestriels reflètent un ralentissement marqué des échanges commerciaux : décélération des ventes au détail aux Etats-Unis et faiblesse de la demande en Asie entraînent une baisse de 6% du chiffre d’affaires et de 22% du résultat opérationnel. La société estime que compte tenu de la situation macro-économique ses volumes vont rester sous pression.
Microsoft annonce un chiffre d’affaires trimestriel en hausse de 7% et un BPA à +10%. L’offre Cloud continue à tirer la croissance (+22%) : Azure gagne des parts de marché, et la solution Azure OpenAI compte déjà 2500 clients, 10 fois plus qu’au trimestre dernier. En revanche, les ventes de licences de Windows baissent de 28%, toujours plombées par les stocks élevés dans le marché du PC, même si la demande s’avère finalement un peu meilleure que prévu. Pour le prochain trimestre, le groupe attend un chiffre d’affaires stable par rapport à la même période de l’année dernière, caractérisée par des prises de commandes exceptionnelles. Moins bonne nouvelle le lendemain de la publication : l’anti-trust britannique met un veto à l’acquisition d’Activision.
Meta bat ses objectifs et les attentes du marché sur le chiffre d’affaires et les résultats. Le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens de Facebook progresse de 4% à 2,04 milliards, pour les utilisateurs mensuels c’est 2,99 milliards. Et si l’on inclut Instagram et Whatsapp, c’est 3,81 milliards d’utilisateurs par mois. Surtout, Zuckerberg a mis l’accent sur les capacités du groupe en intelligence artificielle, utilisée pour les algorithmes de recommandations, les publicités, la sécurité, et de nouvelles fonctionnalités comme la création de visuels devraient être lancées bientôt. Le metavers est relégué au statut de prochaine vague d’innovation pour le groupe.
Pour les autres réseaux sociaux c’est plus compliqué : Snapchatbaisse fortement sur la première baisse de chiffre d’affaires de son histoire tandis que Pinterest accroît ses pertes, malgré une augmentation de 7% de ses utilisateurs actifs mensuels à 463 millions.
Les résultats d’Amazon dépassent le consensus mais la société avertit d’un ralentissement à venir pour Amazon Web Services, sa filiale cloud.
L’annonce de l’acquisition de Majorel, assortie d’un profit warning, fait chuter Teleperformance, le leader mondial des centres d’appel.
L’éditeur de logiciels Dassault Systèmes déçoit en raison d’une baisse de marge opérationnelle et, bien que maintenant ses objectifs annuels, est pénalisé. La valorisation du titre ne laisse pas de place aux déceptions.
Civilisation des loisirs ✈️
Le marché des loisirs est en forte progression, au-delà de la reprise post-covid. Il bénéficie de la hausse du revenu disponible dans le monde (excellente infographie ici) et sans doute de différents courants de pensée, du « experiences not stuff » des Millenials au désir des générations suivantes de trouver un nouvel équilibre entre travail et vie privée et de faire des expériences uniques (et « instagrammables » pour 51% de la génération Z).
Le secteur comprend les transports, l’hôtellerie-restauration et les activités récréatives et culturelles. Il bénéficie d’un pricing power qui s’exprime à plein en ce moment : les billets d’avion au départ de France (indicedes prix du transport aérien de passagers) ont augmenté de près de 24% en mars par rapport à mars 2022; aux Etats-Unis, on est à 18%, après 30% en moyenne en 2022, du jamais vu depuis le choc pétrolier des années 70. Pour un New York-Cancun, c’est 200% d’augmentation entre le premier trimestre 2019 et le premier trimestre 2023.
Quant aux chambres d’hôtel, l’inflation de mars ressort à 13% en Europe. Aux Etats-Unis, taux d’occupation élevés, hausse des coûts et forte demande ont entraîné un rebond marqué des prix, qui se situaient en décembre dernier 17% au-dessus de leur niveau pré-pandémique.
Il est donc tentant d’investir dans les titres de la civilisation des loisirs, hôtels, compagnies aériennes, opérateurs de casinos et de bateaux de croisière, dont beaucoup n’ont pas retrouvé leurs cours d’avant crise. Mieux vaut néanmoins être sélectif dans des secteurs où l’intensité capitalistique est souvent élevée et où les valeurs sont de qualité très variable.