investir dans la longévité

Semaine volatile mais positive grâce aux publications de Microsoft et Alphabet, et dans une moindre mesure de Texas Instruments.

Les prévisions de baisses de taux aux US diminuent graduellement (environ 35bps à ce stade), et l’économie européenne semble se stabiliser.

Suite de nos recherches sur la quête de longévité et les opportunités d’investissement dans le thème du vieillissement.

Macro 🔭

 

Aux Etats-Unis, le PMI composite d’avril, à 50,9, est en retrait par rapport au mois précédent (52,5) et la composante manufacturière passe légèrement au-dessous de 50, donc en zone de contraction. Les ventes de maisons neuves et les permis de construire sont supérieurs aux attentes.  La première estimation de croissance du PIB au T1 déçoit : + 1,6% sur le trimestre précédent, soit 3% par rapport au T1 2022, pas de quoi s’affoler (vu d’Europe). Le PCE (mesure d’inflation favorisée par la Fed) est moins bénin, avec 2,7% en mars par rapport à mars 2023 (c’était 2,5% en février). Les attentes d’inflation à 1 an des consommateurs remontent à 3,2%, et leur confiance perd environ 2 points (indice du Michigan). Le marché a absorbé 183Md$ d’adjudications de bons du Trésor à 2, 5 et 7 ans cette semaine.

En Europe, le PMI allemand repasse au-dessus de 50 pour la première fois depuis juin, l’IFO (climat des affaires) se redresse également. Pour la zone € dans son ensemble le PMI composite d’avril est satisfaisant à 51,4, avec une surprise positive pour les services et négatives pour le manufacturier (45,6). Eurostat publie les indicateurs de la zone € cette semaine : la dette publique y est passée de 90,8% du PIB fin 2022 à 88,6% fin 2023. Les champions : Grèce (161,9%), Italie (137,3%) et France (110,6%, devant l’Espagne). Pour la part des dépenses publiques dans le PIB, si vous y tenez, les détails sont dans le même document. Scope Ratings, le concurrent européen de Fitch, Moody’s et S&P, alerte sur les notes des dettes souveraines française et belge, mais Moody’s ne dégrade pas la note de la France.

Au Japon, le PMI d’avril (52,6) confirme le redressement de l’activité. Le JPY touche un plus-bas de 34 ans et le marché attend une intervention de la banque centrale, qui ne relève pas ses taux.

Selon Dealroom, les investissements en capital-risque en Europe ont rebondi au T1 (+5%), pour un total de 13,7 Md$ (France : 1,7 Md$). Energie, santé et fintech mènent la marche.

Micro 🔬

0% de la capitalisation boursière du S&P500 publiait cette semaine.

Texas Instruments, papy des semiconducteurs mais néanmoins baromètre de l’économie mondiale, publie un chiffre d’affaires et un résultat net en baisse de respectivement 16% et 35% au premier trimestre, mais rassure avec ses objectifs, le déstockage chez ses clients touchant à sa fin. Le groupe fait les trois quarts de son chiffre d’affaires dans les verticales industrie et automobile.

Tesla trouve le moyen d’enthousiasmer malgré une publication décevante : chiffre d’affaires et résultat net en baisse respectivement de 9% et 55%, en raison de la saisonnalité, d’un environnement macroéconomique incertain et d’autres facteurs (dont les problèmes de logistique liés aux attaques en Mer Rouge, la montée en puissance de la Model 3 et le Cybertruck). Les stocks de véhicules doublent (28 jours), et si les marges de la division automobile ne baissent pas trop (18,5% vs 18,9% au T1 2023), le free-cash-flow est négatif de 2,5 Md$. La société a baissé les prix des Model Y, S et X aux Etats-Unis, en Chine et en Europe pendant le week-end (Li Auto a fait de même en Chine). Alors pourquoi le rebond du titre ? Parce que le groupe affirme que les ventes annuelles seront en hausse, et surtout parce qu’un modèle d’entrée de gamme est (de nouveau) à l’ordre du jour, même si dans le call avec les analystes le management s’est montré très évasif sur ce point, déclarant avancer le lancement de nouveaux modèles, « dont des modèles plus abordables » à début 2025, voire fin 2024, mais refusant de répondre aux questions des analystes désireux d’avoir quelques détails. Beaucoup d’emphase en revanche sur les robotaxis et l’intelligence artificielle, et la mention d’un possible rachat d’actions pour reluer la participation de Musk. Le Cybercab sera présenté le 8 août. Better be good. Dixit Musk, «if somebody doesn’t believe Tesla is going to solve autonomy, I think they should not be an investor in the company “. Le responsable des relations investisseurs ne sera pas là pour voir, il a annoncé sa démission, effective dans deux mois, à la fin de la conférence. Il a tenu 7 ans. 😅

Elon l’a dit, les véhicules électriques domineront le marché. En attendant, Hertz Global réduira sa flotte de 30 000 unités en 2024, au lieu des 20 000 précédemment annoncés.

Les ventes d’Iphones en Chine ont baissé de 19% au premier trimestre dans un marché en hausse de 1 à 2% selon Counterpoint (IDC avait évalué la semaine dernière les baisses de livraisons à 10%), impactées par le retour en force de Huawei. Apple aurait par ailleurs diminué ses objectifs de ventes du casque Vision Pro à 400-450 000, alors que le marché attendait 700 à 800 000 unités.

Oops, he did it again…C’était couru (Mark est de la génération argent gratuit), Meta repart dans un cycle d’investissements après 2 ans à serrer les cordons de la bourse, et perd 200 Md$ de capitalisation en une journée. 3,2 milliards d’utilisateurs quotidiens de Facebook, Whatsapp, Instagram et al, 27% de croissance de CA et 38% de marge opérationnelle, ça c’est pour le trimestre. Une partie significative du call analystes a été consacrée aux investissements dans l’IA et le métavers (Reality Labs, tant que les chiffres sont communiqués : 440 M$ de CA et 3,8 Md$ de pertes), et les objectifs de dépenses opérationnelles et de capex pour l’année ont été revus à la hausse (pour ce dernier la hausse se poursuivra au-delà). 35-40 Md$ de capex en 2024, à peine le free cash flow de 2023.

Heureusement, Microsoft (CA +17%, résultat net +20%) et surtout Alphabet (CA +15%, résultat net +57%, et l’annonce d’un premier dividende et d’un rachat d’actions de 70 Md$) relancent le marché en fin de semaine.

Biden ayant signé la loi imposant à Tik Tok de se scinder de Bytedance ou d’être interdite, la maison mère a 270 jours pour choisir et privilégie semble-t-il à ce stade la deuxième option. Chez Meta, on doit croiser les doigts.

OVH Cloud, jamais avare en mauvaises surprises, publie une perte (semestrielle, et à fin mars) de 17M€, sur un chiffre d’affaires en hausse de 11%. La société fait un profit warning, ramenant son objectif de croissance du chiffre d’affaires à 9-11% contre 11-13% précédemment annoncé en raison de « conditions difficiles » en Europe, et maintenant son objectif de 37% de marge d’EBITDA. Elle revoit à la baisse ses objectifs de capex, ce qui au vu de la dette nette n’est pas du luxe, mais quand on vise 1 Md€ de CA pour l’année quand Microsoft Cloud annonce 35 Md$ pour le T1 (en hausse de 23%) et Google pas loin de 10 Md$ (+28%) Amazon n’a pas encore publié c’est possible ? Pas facile de créer un champion européen.

Rubrik, startup de cybersécurité, sort en haut de fourchette de son IPO, levant 752 M$ sur une valorisation de 5,4 Md$, et prend 16% le premier jour de cotation.

Baisse de 27% pour la première cotation de Sichuan Baicha Baidao Industrial, chaîne de salons de bubble tea (environ 8 000) et plus grosse IPO cette année à HK. Deux de ses concurrents comptent lever au moins autant cette année.

Début des enchères pour Anglo American, qui rejette l’OPA à 31,1 Md£ de BHP.

Sinon, bons résultats d’Hermès et profit warning de Kering, comme d’habitude.

La minute innovation 🧚🏻

Pour (presque) tout comprendre du fonctionnement de ChatGPT et des LLM en général, je vous recommande cet article (en anglais).

Au moyen d’algues ou de ciment, ces startups cherchent à capturer le CO2 dans l’atmosphère.

Le nouveau robot humanoïde de Boston Dynamics est remarquable d’agilité.

Cherish your years

Investir dans la longévité

Poursuite des explorations sur le thème du vieillissement entamées la semaine dernière par les recherches sur la réjuvénation cellulaire entreprises dans des laboratoires financés par quelques milliardaires (Le fil de nos jours). A défaut de reprogrammer ses cellules, on peut commencer par lutter contre le raccourcissement des télomères, ces séquences situés au bout des chromosomes très bien illustrées ici.

Nos gènes déterminent nos possibilités, les facteurs dits épigénétiques (des modifications du génome qui n’altèrent pas les séquences d’ADN et résistent aux divisions cellulaires, voire sont transmissibles à la descendance) modifient l’expression des gènes. Certains facteurs environnementaux entraînent des modifications épigénétiques, c’est-à-dire des changements de l’activité de l’ADN sans altération de celui-ci.

Nos cellules se renouvellent un nombre limité de fois avant d’entrer en sénescence. L’arrêt du renouvellement cellulaire serait lié au raccourcissement des télomères, influencé par l’épigénétique. En (très) raccourci, en agissant sur notre environnement, nous pouvons prévenir le raccourcissement des télomères, et donc le vieillissement.

Bryan Johnson a vendu sa société, Braintree Venmo, à Paypal pour 800 M$ il y a une dizaine d’années. Il teste depuis deux ans l’hypothèse épigénétique en se soumettant au protocole Blueprint et en mesurant quotidiennement, grâce à une équipe de scientifiques et de médecins, tous ses organes au moyen de centaines de biomarqueurs. Selon lui, il a entre autres retrouvé la capacité cardiovasculaire du top 1,5% des jeunes de 18 ans. Vous pouvez trouver sa méthode en vidéo. Pour l’alimentation, comptez 2250 calories absorbées au moment optimal et sous forme de pudding, huile d’olive et chocolat, et une cinquantaine de compléments alimentaires, le tout strictement entre 7h et 11h. Pour le reste, sport et transfusions du sang de son fils, entre autres.

Télomères longs, idées courtes ? Son livre, Don’t die, est un pensum (il est téléchargeable en ligne si vous y tenez vraiment). Son but ultime ? Confier sa santé à un algorithme qui permettrait d’avoir un corps autonome, comme la voiture d’Elon, et étendre le concept au métabolisme de la planète dans son ensemble ; « confier son libre arbitre à un algorithme optimisé pour vous donner la meilleure santé physique et mentale » pour laisser votre cerveau se consacrer à autre chose. Bien que s’inscrivant dans une tendance lourde qui privilégie la sécurité et la santé à la liberté, la solution attire beaucoup de curieux et un seul (une en l’occurrence) adepte.

Vous pouvez aussi conserver votre mode de vie, cherish your years and just roll with the waves.

On peut investir dans le thème du vieillissement au travers de quelques OPCVM mélangeant santé et consommation des seniors pour un résultat pas très typé : Novo Nordisk, L’Oréal ou Stellantis sont peut-être de bonnes idées, et vendent à des vieux puisque notre monde l’est, mais ce n’est pas très spécifique ou innovant et la performance est au mieux en ligne avec le marché.

L’ETF iShares Ageing Population n’est pas beaucoup plus caractéristique avec 337 positions, essentiellement dans la santé et les services financiers (mais Robinhood, vraiment ?), et fait environ 2 fois moins que l’indice S&P World depuis son lancement.

Plus proche de notre thème, l’ETF VanEck Bionic Engineering investit dans les implants dentaires et médicaux, la vision, les prothèses, la préservation des organes et tissus ; lancé fin 2022, il affiche depuis lors 2,5% de performance et 6 millions d’encours, difficile de le recommander à ce stade.

 

Cette recherche n’est pas exhaustive, mais en première approche il reste de la marge pour innover. Nous essaierons donc d’identifier des fonds de venture et/ou des produits structurés. En attendant, vous pouvez vous pré-inscrire ci-dessous.

 

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.