Cashback

Evolution des indices à la clôture de jeudi

                             depuis une semaine     depuis le début de l’année

CAC 40                             0%                                    -13%

S&P500                           -2%                                    -24%

Dow Jones                       0%                                       0%

Nasdaq                           -4%                                     -28%

La macro

La Fed remonte ses taux de 0,75% et ne donne pas le signal attendu d’une fin prochaine du resserrement monétaire, le fameux pivot, Jérôme Powell signalant qu’il « y a encore du chemin » et que « parler d’une pause est très prématuré ». Les demandes d’allocation chômage sont une fois de plus inférieures aux attentes, et les emplois non agricoles augmentent plus que prévu à 261 000 (octobre). Le taux de chômage remonte néanmoins légèrement à 3,7%. Baisse de l’ISM des services. 37% des TPE n’ont pas pu payer leur loyer en octobre selon Alignable.

L’inflation en Europe atteint 10,7% en octobre (consolation ? c’est 85,5% en Turquie). La croissance au troisième trimestre s’est établie à 0,2%. Les PMI manufacturiers européens signalent une récession, avec une baisse à 46,4 pour la zone. Seuls 8% des industriels allemands sont optimistes, moins que pendant la pandémie. L’IEA alerte sur une pénurie de gaz naturel en Europe en 2023. Winter is coming. Un encouragement quand même, le taux de chômage dans l’UE : il baisse encore en septembre à 6,6%. 

La BoE augmente ses taux de 0,75% et commence à dénouer son programme de rachat de titres. C’est la première banque centrale majeure à le faire.

Les actions chinoises retrouvent leur niveau de 2005 en début de semaine, entre réouverture encore incertaine, craintes que l’agenda social ne prenne le pas sur l’économie, et insistance de Xi Jinping sur l’impératif sécuritaire. Et oscillent violemment toute la semaine sur des rumeurs, démenties par la suite, d’assouplissement de la politique zero covid.

La planète respire un peu mieux, et le real se reprend, après la victoire de Lula au Brésil.

Les sociétés

Même dans les paris en ligne, ça tangue. Draftkings plonge sur l’annonce de ses résultats : 1,6 millions d’abonnés au lieu des 2 millions attendus. La société se développe au fur et à mesure que les Etats de la puritaine Amérique, pas à un paradoxe près, légalisent les paris en ligne.

Les résultats d’Uber sont salués par les marchés : réservations en hausse de 26% (38% pour les taxis et 7% pour les livraisons), chiffre d’affaires en hausse de 72%, mais quand même 1,2 Md$ de pertes pour une société fondée il y 13 ans, on ne change pas un business model qui gagne.

Airbnb publie de son côté le trimestre le plus profitable de son histoire, avec un résultat net en hausse de 46% à 1,2Md$ sur des ventes en hausse de 29% à 2,9Md$, représentant 100 millions de réservations, dont 20% pour des séjours de plus de 28 jours. Le groupe prévoit un ralentissement au quatrième trimestre.

Booking, tout aussi en forme pour la publication de ses résultats (chiffre d’affaires et résultats net respectivement en hausse de 29% et 117%), affiche une plus grande confiance dans les mois à venir malgré les inquiétudes sur l’environnement économique.

Fin d’un mythe, même la dépense Tinder est discrétionnaire. Les abonnements sont à peu près stables au troisième trimestre, mais les dépenses à la carte (i.e. pour être vu de plus de personnes) souffrent de la détérioration de l’environnement économique. MatchGroup (Match, Meetic, OKCupid, Tinder ou Plenty of Fish, oscar du branding) annonce donc des résultats en demi-teinte (26% de marge opérationnelle, quand même, mais un chiffre d’affaires en hausse de 1%). Nowhere to hide.

Elon Musk doit informer les employés de Twitter du sort qui leur sera réservé aujourd’hui. La presse parle de 3700 licenciements, soit la moitié des effectifs.

Résultats en hausse de 12% pour BNP Paribas, et révision à la hausse des objectifs 2025 grâce à l’impact sur la marge de la hausse des taux d’intérêt.

Le groupe minier Glencore est condamné à une amende record de 281M£ pour corruption d’officiels de divers pays africains.

AP Moeller Maersk, la société danoise de transport maritime, publie des résultats stellaires mais précise que les prix du fret vont se normaliser en raison de l’amélioration des chaînes d’approvisionnement et d’une baisse de la demande, dans un contexte de récession globale rampante.

Walgreens Alliance BootsCVS Health et Walmartpaieront 13,8Md$ pour échapper à des milliers de poursuites dans le cadre de la crise des opioïdes, dont la consommation aurait causé environ 500 000 morts aux Etats-Unis depuis 1999.

Cashback

La consommation privée représente plus des deux tiers du PIB américain, très au-dessus du reste du monde. Or, la santé du consommateur américain, flamboyante pour toutes les catégories jusqu’à l’an dernier grâce à la hausse généralisée du prix des actifs, montre des signes de fragilité : la dette des 90% les moins riches a atteint un niveau record, après une augmentation de 300Md$ en 2021 (celle des 10% les plus riches est stable), et dépasse désormais les 4trn$. Le recours au crédit, marqueur culturel anglo-saxon, est accentué par l’augmentation des prix des biens de consommation.

Parallèlement, la richesse, après avoir doublé en 10 ans pour atteindre 142trn$ en 2021, a baissé en 2022 à 136trn$. Et c’est vrai aussi pour le top 0,1%, plus exposé aux actions (mais qui représente quand même encore 12,6% de la richesse totale). Toujours sur 10 ans, ce sont les 1% les plus riches et les 50% les moins riches qui ont vu leur part du gâteau augmenter, au détriment des classes intermédiaires. Pour les amateurs du sujet, la Fed compile les données depuis 1989.

Enfin, le taux d’épargne des ménages a rarement été aussi bas (3,5% du revenu disponible, quand les Français sont à près de 19%).

Bref, ce n’est pas la première fois que le consommateur américain apparaît fragile, et sa résilience est légendaire, mais avec une baisse des prix de l’immobilier en vue et une inflation toujours soutenue, les prochaines années pourraient être un peu moins encourageantes, militant pour une forte sélectivité dans le choix des titres.