Boule de cristal

Evolution des indices à la clôture de jeudi 

                                                depuis une semaine            depuis le début de l’année

CAC 40                                                -2%                                          -9%

S&P500                                               -2%                                          -21%

Dow Jones                                          -2%                                           4%

Nasdaq                                               -2%                                          -25%

La macro

Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation ralentit de nouveau à 7,1%. Le ralentissement est centré sur le prix des biens, tandis que celui des services continue d’augmenter. La Fed remonte ses taux de 0,5% à 4,25-4,5% et déclare que les prochaines hausses pourraient être moins importantes, mais que le taux terminal pourrait se situer au-delà de 5%, et que les baisses n’interviendront qu’une fois que l’inflation tendra durablement vers 2%. Les ventes au détail sont décevantes (-0,6%), de même que l’enquête de la Fed de Philadelphie et la production industrielle. Les nouvelles demandes d’allocations chômage baissent, une bonne nouvelle qui va néanmoins compliquer la tâche de la banque centrale, la résilience du marché du travail rendant peu probable une décrue de l’inflation à 2% à court ou moyen terme.

L’inflation ralentit au Royaume-Uni, à 10,7%. Le panier Bloomberg des ingrédients du petit-déjeuner, lui, a augmenté de plus de 21% en un an.

La BCE monte ses taux de 0,5% et baisse ses anticipations de croissance à 0,5%. Le discours de Christine Lagarde est résolument hawkish, et les observateurs attendent désormais une hausse des taux au-delà de 3%.

Selon Bloomberg, les économistes attribuent 80% de probabilité à une récession aux Etats-Unis. Pour l’Europe, c’est 60%.

Données économiques décevantes en Chine, avec notamment des ventes au détail en baisse de 5,9% et un taux de chômage en hausse à 5,7%. La fin de la politique zéro covid pourrait permettre un rebond une fois la première vague d’infections passée.

Les sociétés

Le leader de l’acier américain Nucor, considéré comme un indicateur avancé de l’économie du pays, alerte sur la demande et les prix au quatrième trimestre. 

Accenture, autre indicateur avancé traditionnel, publie de bons résultats trimestriels, avec un chiffre d’affaires en hausse de 5% malgré près de 10% d’effets devises négatifs et des bénéfices par actions en hausse de 11%, mais communique sur un ralentissement de la croissance au prochain trimestre.

Deux centrales de Duke Energy, le plus grand producteur d’électricité américain, ont fait l’objet d’attaques armées entraînant une perte d’accès à l’électricité de 45 000 clients de Caroline du Nord. Le département de la sécurité intérieure des Etats-Unis alerte depuis 2020 sur des plans d’extrémistes visant l’infrastructure électrique du pays.

Le titre Robloxplateforme virtuelle aux près de 57 millions d’utilisateurs quotidiens, en majorité des 9-12 ans, chute après l’annonce d’un ralentissement de la croissance de ses utilisateurs en novembre. Le jeu le plus populaire à l’heure actuelle, Adopt Me, est centré autour de l’adoption d’animaux domestiques et de la décoration de la maison. On en viendrait à regretter World of Warcraft.

Rafale d’opérations de fusion-acquisition cette semaine avec la société de software Coupa, acquise par Thomas Bravo pour 8Md$, avec une prime de 77% sur le dernier cours coté, Horizon Therapeutics (maladies auto-immunes et inflammatoires) acquise par Amgen pour environ 28Md$, prix ayant fait reculer Sanofi et Johnson & Johnson, les barbecues Weberacquis par BDT Capital pour 3,7Md$, et l’entrée de Microsoft au capital du London Stock Exchange (à hauteur de 4%).

Rivian Automotive, le constructeur de véhicules électriques dont le cours affiche une baisse de plus de 70% depuis le début de l’année, annonce la fin de son accord avec Mercedes pour la production de vans électriques, annoncé il y a seulement trois mois.

Certaines des banques ayant financé l’acquisition de Twitter par Musk s’apprêteraient à déprécier la valeur de leurs prêts. La presse rapporte également que la société n’a pas payé ses loyers depuis des semaines et pourrait ne pas payer les indemnités de départ de ses employés. Matière à réflexion sur Musk et le management autoritaire ici. En attendant, le DG a vendu pour 3,6Md$ de titres Tesla cette semaine.

Au chapitre des bonnes nouvelles, le fabricant de software pour la création graphique Adobe publie d’excellents résultats et des objectifs 2023 ambitieux, bien que la société s’attende à être affectée par le ralentissement économique.

Bons résultats également pour le voyagiste chinois Trip.com, qui bénéficie d’un rebond marqué des voyages en Chine et à l’international, avec des ventes en hausse de 29% et des résultats positifs (après une perte à la même période de l’an dernier).

La société de télécommunications suédoise Ericsson maintient son objectif de marge opérationnelle long terme à 15-18% mais attend une baisse l’année prochaine, notamment en raison d’une diminution des dépenses d’investissement aux US.

Bernard Arnault est le premier Français (le premier européen d’ailleurs) à arriver en tête de l’indice des milliardaires Bloomberg, qui n’existe il est vrai que depuis 2012, avec une fortune estimée à 170,8Md$. Selon Bloomberg, qui dresse son portrait à l’occasion, il « fait profil bas dans un pays où l’on n’apprécie pas les marques de richesse bling-bling ».

Boule de cristal

Dixit l’économiste John Galbraith, la seule fonction de la prévision économique est de rendre l’astrologie respectable. Une note d’espoir, alors que la prédiction la mieux partagée sur les marchés en ce moment est celle d’une récession mondiale en 2023. Qu’en pense Pinterest ? La société publie tous les ans ses prédictions pour l’année suivante, basées sur les tendances observées sur l’appli, et annonce un taux de réalisation de 80% pour les trois dernières années, très supérieur à celui des économistes donc. Néanmoins, les enjeux de Pinterest ne sont pas forcément les nôtres : aucune référence à l’économie, pas grand-chose non plus d’exploitable pour l’investissement cette année. On attend entre autres un regain de popularité des vêtements à franges, des cheveux bicolores, des mariages en orange, des smoothies aux algues, et un boom des soirées pour animaux domestiques et personnes âgées, peut-être les deux seules tendances investissables. Sachant désormais ce qui nous attend, on osera à peine se souhaiter une bonne année 2023.