Les marchés enregistrent une baisse généralisée cette semaine, le ralentissement à venir des baisses de taux de la Fed, pourtant anticipé, servant de prétexte à des prises de bénéfices.
Tendances dans la banque : à défaut d’être les boss, les femmes sont de plus en plus les clientes.
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, le PMI composite S&P remonte significativement dans sa première estimation de décembre (56,6), avec des tendances inchangées : décevant sur le manufacturier, forte expansion dans les services, ce que confirment une production industrielle en baisse plus marquée en novembre et des indices manufacturiers très décevants (Empire State, Fed de Philadelphie et de Kansas City). Les ventes au détail accélèrent en novembre, tirées par un rebond marqué des ventes de voitures. Un accord pour éviter un shutdown (sans l’augmentation du plafond de la dette demandée par Trump) intervient finalement aujourd’hui et devrait être validé par le Sénat en début de semaine. La mesure d’inflation préférée de la Fed, le PCE, s’affiche à 2,4% en novembre, en hausse par rapport au mois précédent mais inférieure aux attentes. De quoi réconforter un peu le marché après un comité de la Fed qui décide une baisse des taux de 0,25% et projette deux baisses du même montant en 2025, un message hawkish largement anticipé mais qui a servi de prétexte à des prises de bénéfices. La Fed anticipe pour 2025 une inflation (mesurée par le Core PCE) de 2,5%, une croissance de 2,1% et un taux de chômage de 4,2%. L’immobilier commercial a enregistré une baisse de 23% depuis 2022, et les défauts sur les prêts augmentent (10% des emprunts sont en arriéré de paiements), alors même que la trajectoire des taux ne laisse pas anticiper d’amélioration.
Le PMI composite de la zone € (première estimation pour décembre) se rapproche des 50 grâce à une bonne surprise dans les services (51,2) compensant un PMI manufacturier toujours déprimé (45,2). La croissance des prix à la consommation accélère un peu à 2,2% en novembre. Moody’s dégrade la note de la dette de la France et de sept de ses banques. La Banque de France coupe son estimation de croissance pour 2025 à 0,9%. L’indicateur de climat des affaires en France de l’Insee perd deux points (96, pour une moyenne long terme de 100). En Allemagne, le sondage IFO sur le climat des affaires s’effrite encore, se rapprochant du niveau atteint après la crise financière de 2008.
En Chine, les ventes au détail ne progressent que de 3% en novembre, contre 4,8% le mois précédent. Les effets de la relance ne sont pas encore là.
La Banque du Japon laisse ses taux inchangés, attendant pour enclencher une hausse d’en savoir plus sur la politique de Trump. Avec une inflation qui ressort cette semaine en hausse de 2,9% en novembre (annualisé), la valse-hésitation de la banque centrale devrait bientôt arriver à son terme. Le PMI manufacturier se rapproche de l’expansion (49,5), celui des services s’y installe (51,4 en novembre, première estimation), les exportations accélèrent par rapport au pois précédent, les importations décélèrent.
La banque centrale du Brésil intervient pour stabiliser le real, en baisse de plus de 20% contre dollar depuis le début de l’année, et ne parvient qu’à provoquer un sell off de tous les actifs. Avec un déficit de 10% du PIB, le pays doit convaincre qu’il va remettre de l’ordre dans ses finances, mais Lula et le parlement répugnent à engager des mesures de réduction de coûts.
Le Salvador se voit octroyer un prêt de 1,4 Md$ par le Fonds Monétaire International, en échange d’une limitation de son exposition au bitcoin, qui depuis septembre 2021 y est monnaie officielle, et dont le gouvernement détient l’équivalent de près de 600 M$ (à peu près l’équivalent du montant sorti des ETF bitcoins aux Etats-Unis cette semaine). Nul besoin de préciser que le prêt doit être remboursé en $.
Micro 🔬
Conséquence de sa hausse météorique, MicroStrategy rejoint le Nasdaq 100 à compter du 23 décembre, de même que Palantir et Axon Enterprise (le fabricant du Taser). Ils remplacent Illumina, Super Micro Computer et Moderna. Le Nasdaq 100 regroupe les cent premières capitalisations boursières listées exclusivement au Nasdaq, répondant à certains critères de liquidité, et n’appartenant pas aux secteurs de la finance ou des foncières cotées. Une société qui emprunte pour placer, ça s’appelle comment ?
Aux temps pas si lointains où les processeurs graphiques ne faisaient pas le marché, c’est du côté d’autres semiconducteurs qu’on se tournait pour jauger la santé de l’économie, et Micron Technology (mémoire vive dynamique ou DRAM et mémoire flash ou NAND) était l’un des canaris dans la mine. Le titre perd 16% jeudi sur la publication de résultats trimestriels sans faute avec notamment 84% de croissance de chiffre d’affaires, et d’objectifs moins favorables pour le trimestre en cours. Le mix produit est pourtant désormais à 50% dans les datacenters (l’IA requiert de la mémoire flash), mais la société avertit que ses clients réduisent leurs stocks après plusieurs trimestres de croissance très rapide. Le cycle de remplacement des PC n’est pas au rendez-vous, même si la société attend un redémarrage en 2025 et reste optimiste sur l’adoption des PC IA dans le temps, et les verticales smartphone, auto et industrie sont à la peine.
Chez Accenture, autre canari, les indicateurs sont au vert : chiffre d’affaires trimestriel en hausse de 9%, BPA en hausse de 10%, et objectifs annuels (à fin septembre 2025) de chiffre d’affaires revus à la hausse (dans une fourchette 4-7%).
Fedex s’en sort (boursièrement) en annonçant la scission de sa division Fret, qui souffre de la faiblesse de la production industrielle aux Etats-Unis. Pour ce qui est de l’opérationnel, le trimestre affiche un chiffre d’affaires et un résultat à peine stables, et la société revoit à la baisse ses attentes pour l’année fiscale (à fin juin) d’environ 5%.
Les résultats trimestriels de Nike, à défaut d’être flamboyants, sont supérieurs aux attentes : chiffre d’affaires en baisse de 8%, résultat en baisse de 26%. Les investisseurs sont en revanche déçus par les prévisions pour le trimestre en cours : baisse de plus de 10% du chiffre d’affaires en raison d’une évolution de la stratégie vers des ventes plus premium et une re-focalisation sur le sport (aux dépens du lifestyle), dont la direction attend qu’elle prenne du temps et pèse dans un premier temps sur les résultats.
La Cour Suprême entendra le 10 janvier les arguments de TikTok sur la loi qui doit l’interdire aux Etats-Unis le 19 du même mois.
Honda et Nissan envisageraient une fusion qui créerait la septième capitalisation boursière mondiale du secteur, tandis que Foxconn, qui se proposait de racheter à Renault sa participation dans Nissan, décide de temporiser pendant l’opération.
Unicredit détient désormais 28% de Commerzbank, et le gouvernement allemand lui demande de les vendre. Et sinon, l’Union des Marchés de Capitaux, ça avance ?
Victime du regain de volatilité des marchés, Novo Nordisk perd 20% sur l’annonce des résultats cliniques de son prochain candidat médicament anti-obésité CagriSema, qui fait baisser le poids de 23% au lieu des 25% espérés. La deuxième des quatre études prévues pour le produit sera publiée au premier semestre 2025.
La minute innovation 🧚🏻
Les utilisateurs américains de ChatGPT peuvent désormais l’appeler au 1-800-CHATGPT. Hors US, on peut accéder à un chat sur whatsapp.
Perplexity AI, qui développe un service équivalent à la barre de recherche de Google, lève 500 M$ sur une valorisation de 9 Md$, multipliée par 9 depuis avril dernier.
Microsoft aurait acheté 500 000 processeurs graphiques Hopper (Nvidia) en 2024, deux fois le montant des emplettes de Meta, pourtant jamais à la traîne pour la dépense.
Ce robot très agile peut inspecter les sites trop dangereux pour les humains.
Désireuse de faire honneur au classement PISA de la France en mathématiques, j’ai écrit la semaine dernière que le septillion de la puce quantique d’Alphabet équivalait à 1025. Merci au lecteur attentif qui m’a signalé qu’il s’agissait de 1042 . Un multiple de 6, forcément. Ca tombe bien, vu le sujet de l’édito ci-dessous. 🤡
Nouvelle Eve 🥂
Selon Bloomberg, dans le monde, 6% des CEO sont des femmes (3% dans les marchés émergents, 8% aux Etats-Unis et en Europe). Et après une augmentation continue de leur représentation dans les comités exécutifs au cours des vingt dernières années (un doublement sur une base faible), elles régressent un peu : 11,8% des 15 OOO postes dans les C-suites du S&P Global Total Market Index (environ 4000 sociétés cotées aux Etats-Unis) selon les derniers chiffres disponibles, à fin 2023, contre 12,2% l’année précédente. La parité pourrait être atteinte cinq à sept and plus tard que prévu, soit entre 2055 et 2072 selon S&P. Pas vraiment d’explication, hormis l’arrêt de politiques de diversité, équité et inclusion dont l’extrémisme a parfois pu incommoder (y compris les premières concernées), et un mouvement de départs enclenché pendant la pandémie (où les tâches domestiques leur sont largement revenues) et dû aux difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Sans compter le fait que les chasseurs de tête sont rémunérés en fonction du salaire du candidat, plus élevé quand il s’agit d’un homme.
A défaut d’avoir un bon job, les femmes sont de plus en plus riches. Selon McKinsey, elles contrôleront 38% des actifs aux Etats-Unis en 2030, contre 33% en 2021, parce qu’elles sont plus nombreuses à choisir des carrières plus rémunératrices, mais surtout parce qu’elles vivent plus longtemps. Bref, elles viennent à tenir les cordons de la bourse par héritage, divorce ou succès professionnel (j’ai repris l’ordre de la citation 🙄). En Europe de l’Ouest, on fait mieux : la parité sur ce critère pourrait être atteinte peu après 2030. Un défi de plus pour les banques, cinquante ans après la loi autorisant les femmes américaines à ouvrir un compte (60 ans pour les Françaises).
Bonnes fêtes de Noël et de fin d’année, et rendez-vous le 11 janvier pour un récapitulatif des grands thèmes 2024 et les prévisions 2025.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.