Semaine contrastée, la légère accélération de l’inflation aux Etats-Unis étant largement ignorée dans un premier temps, avant que des inquiétudes sur le consommateur et la hausse du prix du pétrole n’aient raison de l’optimisme vendredi. Le scénario de soft landing US prévaut encore, même si certains alertent sur la vague de refinancements des entreprises attendue en 2024, tandis qu’en Europe, aux marchés pourtant mieux orientés cette semaine, c’est l’hypothèse de la stagflation qui l’emporte. Point sur l’enquête de l’UE sur les subventions aux véhicules chinois, au moment de la sortie de la biographie du patron de Tesla.
Macro
Aux Etats-Unis, l’indice NFIB, inférieur aux attentes à 91,3, reflète le pessimisme des dirigeants de PME. Dans un sondage Bloomberg, plus de la moitié des investisseurs interrogés pensent que la résistance du consommateur américain touche à sa fin ; 56% envisagent une baisse de la consommation début 2024, 21% dès le quatrième trimestre 2023. La croissance des ventes au détail pour le mois d’août reste néanmoins très satisfaisante, les demandes d’allocation chômage sont encore une fois inférieures aux attentes, mais l’indice Michigan (confiance du consommateur) déçoit en fin de semaine. Les prix à la consommation accélèrent, à 3,7% annualisé en août contre 3,2% en juillet, mais l’inflation « core » ralentit un peu à 4,3%. Janet Yellen, secrétaire d’Etat au trésor, se dit plus confiante dans un soft landing des Etats-Unis lors du G20. On la comprend.
La Commission Européenne réduit ses prévisions de croissance pour la zone € à 0,8% pour 2023 (contre 1,1% précédemment) et 1,3% pour 2024 (1,6%). L’inflation est attendue à 5,6% (5,8% précédemment) en 2023 et 2,9% en 2024 (2,8%). La révision de la croissance est due au ralentissement en Allemagne, où la croissance 2023 est désormais attendue à -0,4%. D’ailleurs le Zew, le sondage sur la confiance des dirigeants allemands s’effondre à des niveaux proches de la crise financière ou de la pandémie. La BCE relève néanmoins ses taux directeurs de 0,25%, et anticipe une pause sans toutefois affirmer que les taux ont atteint leur maximum (le marché est convaincu du contraire). On est moins confiant sur le soft landing de ce côté-ci de l’Atlantique.
Micro
Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, est en train de se transformer en permabear. Il s’inquiète cette fois, entre autres, de ce que les gouvernements de par le monde « dépensent un pognon de dingue » (« are spending like drunken sailors » dans le texte).
De la keynote d’Apple, à l’occasion du lancement de l’iPhone 15, on pourrait relever que celui-ci dispose d’un port USB-C, intègre Dynamic Island et la puce A16, plus rapide. Ou se contenter de ce bref résumé de l’événement.
Le procès opposant Google au Department of Justice a démarré cette semaine. Le DOJ accuse la société d’avoir payé les fabricants de téléphones et les opérateurs de navigateurs pour que Google soit le moteur de recherche par défaut. Le procès devrait durer environ trois mois.
Ce n’est pas la révélation la plus croustillante du livre d’Isaacson sur Elon Musk (sorti le 12 septembre), mais peut-être une des plus significatives pour Tesla (ou pas, cf le design) : la société compte produire un véhicule à 25000$ dont le design serait proche de celui du cybertruck.
Le carnet d’ordres de l’introduction en bourse du fabricant de semiconducteurs Arm Holdings ferme une journée plus tôt que prévu, l’opération étant sursouscrite plus de dix fois. L’IPO se fait en haut de sa fourchette de 47-51$, valorisant la société à 54,5Md$, et le titre gagne près de 25% lors de sa première séance de cotation. Softbank contrôlera toujours 90% du capital post-IPO.
J.M. Smucker, le fabricant de produits alimentaires (snacks et produits pour animaux) et de café, achète Hostess Brands, connu pour ses Twinkies et autres snacks, pour 5,6Md$, une prime de 54% sur le cours coté avant les rumeurs.
Birkenstock déclare son intention d’entrer en bourse. La valorisation envisagée est de 8Md$. Bernard Arnault avait vendu la société à un fonds de private equity 4,9Md$ il y a deux ans.
Meta travaille sur un programme d’intelligence artificielle destiné à concurrencer le modèle le plus avancé d’OpenAI, l’inventeur de ChatGPT. Meta a récemment lancé son assistant au codage Code Llama, disponible en open source, dont la performance se situe entre GPT-3.5 et GPT-4.
Le secteur de l’hydrogène vert, qui bénéficie de subventions massives dans le cadre de l’IRA américain, est l’objet de controverses sur sa viabilité économique en raison de son prix très élevé. Il a fortement corrigé en bourse cette année et certains hedge funds parient sur une poursuite de la baisse.
Le syndicat United Auto Workers n’a pas trouvé d’accord avec les fabricants, et 12 700 salariés se sont mis en grève dans trois usines de General Motors, Ford et Stellantis. UAW demande entre autres des augmentations de salaires de 40%, tandis que les constructeurs proposent 20. C’est la première fois que le syndicat se bat simultanément contre les 3 sociétés.
New power generation
L’annonce d’une enquête de l’UE sur les subventions aux véhicules électriques chinois fournit l’occasion de faire un point sur le sujet et de vous reproduire en tête de ce mail le tweet d’une journaliste (ex WSJ, NYT, NYP, candidate démocrate), publié à l’occasion de la sortie du livre sur le patron de Tesla. Pas mal résumé.
Selon l’Agence Internationale de l’Energie, 14 millions de véhicules électriques devraient être vendus dans le monde en 2023, représentant 18% du total. En Norvège, c’est 88%, en Chine 29%. Pour mémoire, les transports représentent 15% des émissions de carbone. Si la croissance des ventes se maintient à son niveau actuel (35% cette année), les émissions de CO2 des voitures seront bientôt en ligne avec la trajectoire net zéro 2050.
Le champion des ventes est le chinois BYD, avec une part de marché en volume estimée à 17,5% en 2022, suivi de Tesla (12,5% en volume, plus de 20% en valeur). Le premier Européen, Volkswagen, culmine à 4,5%. La Chine a massivement investi dans le secteur, entre subventions publiques et transferts de technologies imposés aux constructeurs européens désireux de s’installer en Chine. D’où l’enquête annoncée cette semaine par l’UE pour déterminer si la Chine subventionne les composants de ces véhicules (elle le ferait à hauteur de 20% des coûts selon certaines estimations), afin le cas échéant d’augmenter les droits de douane, ce que les Etats-Unis ont déjà fait. L’ensemble de la procédure devrait durer environ deux ans, laissant le temps aux constructeurs chinois, si la tendance actuelle se poursuit, de prendre 15% du marché européen.
Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett, a baissé sa participation dans BYD de 9,21% à 8,96% au début de l’été, officiellement pour ne pas être en compétition avec Elon Musk. Berkshire a détenu jusqu’à 21% de la société chinoise, dans laquelle il a investi dès 2008.