Lundi
Selon Consensus Economics, la zone euro devrait échapper à la récession (tout juste) cette année grâce à la baisse des prix de l’énergie.
L’indice économique avancé du Conference Board US baisse de 7,4% en décembre. C’est la septième fois depuis 1960 qu’il atteint un niveau aussi bas, et dans les six autres cas il signalait une récession. Mais bad news is good news : un membre de la Fed se prononce en faveur d’une hausse de seulement 0,25% lors du prochain comité, et les marchés s’envolent.
L’investisseur activiste Elliott Investment Management, l’un des principaux fonds activistes mondiaux avec 56Md$ d’encours, prend une participation dans Salesforce. Starboard Value avait annoncé la sienne en octobre dernier.
Spotify licencie 6% de ses effectifs.
Les titres liés à la transition énergétique, malmenés l’an dernier, attirent les convoitises : dans le traitement de l’eau, Xylem lance une OPA sur Evoqua pour une valeur d’entreprise de 7,5Md$ et une prime de 29%.
S&P +1,19%, DJ +0,76%, NASDAQ +2,01% – CAC40 +0,52%
Mardi
Les PMI s’offrent un léger rebond aux Etats-Unis et reviennent au-dessus de 50 (expansion) dans la zone euro.
Lors de sa publication de résultats, 3M déçoit et signale que la faiblesse des ventes vient des produits destinés aux particuliers et s’est accentuée en décembre. Les ventes et les résultats sont attendus en baisse en 2023, et la société annonce la suppression de 2500 emplois.
Toujours de bonnes nouvelles côté luxe avec les résultats de Swatch Group (Swatch, Breguet, Omega etc), qui publie des ventes en hausse de 2,5% masquant des progressions de 25% en monnaies locales dans toutes les régions sauf en Chine où les confinements ont fait perdre 700MCHF de chiffre d’affaires.
Le département de la justice américain serait sur le point de poursuivre Alphabet pour la domination de Google sur le marché publicitaire.
OVHcloud, qui porte les efforts de souveraineté européens dans le cloud (avec une petite marge de progression puisqu’il vise un chiffre d’affaires 2023 de 900M€, quand le seul Amazon Web Services vise 100Md$), publie des ventes en hausse de 19% et une perte nette de 29M€.
Le bitcoin affiche deux jours de baisse d’affilée pour la première fois depuis le début de l’année.
S&P -0,07%, DJ +0,31%, NASDAQ -0,27% – CAC 40 +0,26%
Mercredi
Sortis mardi après la clôture US, les résultats de Microsoft et de Texas Instruments et les craintes d’une escalade en Ukraine entraînent un début de séance agité, avec des indices US en baisse de plus de 1,5%. Microsoft publie des chiffres mitigés pour 2022 (CA +2%, BPA -6%) mais surtout prédit un ralentissement de sa division cloud au prochain trimestre ainsi qu’une baisse de marge. Quant à Texas Instruments, le fabricant de semiconducteurs diversifié affiche sa première baisse de ventes depuis 2020 et mentionne la faiblesse de tous ses marchés finaux sauf l’automobile. Les marchés se reprennent néanmoins en séance.
Avec 20% des sociétés du S&P500 ayant déjà publié leurs résultats, la croissance des BPA ressort à -3% en moyenne.
Déception inhabituelle de la part du fabricant néerlandais de systèmes de lithographie pour la fabrication de semiconducteurs ASML, dont les résultats ont baissé en 2022. Le groupe attend un rebond en 2023, mais fait face aux incertitudes liées à une possible restriction supplémentaire de ses ventes à la Chine demandée par le gouvernement américain.
Forte hausse d’Easyjet qui a vendu 20,2 millions de sièges au premier trimestre et en attend 38 millions au premier semestre et 56 au second.
S&P -0,02%, DJ +0,03%, NASDAQ -0,18%, CAC 40 -0,09%
Jeudi
La première estimation du PIB américain du quatrième trimestre met en évidence une hausse de 2,9%, et un ralentissement des prix à la consommation qui permet aux taux réels de repasser en positif, augurant d’une pause prochaine dans le resserrement monétaire. Une bonne surprise sur l’état de l’économie qui permet au marché de rebondir (avec les résultats de Tesla et des demandes d’allocation chômage plus faibles que prévu).
Quelques grandes banques commencent à tester le dollar numérique dans le cadre d’un projet pilote de douze semaines.
Tesla, donc, clôture en hausse de 11% après avoir publié une progression de chiffre d’affaires de 51% et un doublement du résultat net en 2022, assortis d’un commentaire résolument volontariste sur la capacité de la société à affronter un environnement économique incertain (« in any scenario, we are prepared for short-term uncertainty ») et à augmenter ses marges tout en baissant ses prix. L’objectif de livraisons est fixé à 1,8 millions de véhicules en 2023.
A revers des fabricants de semiconducteurs américains, STMicroelectronics publie des résultats solides et des objectifs 2023 encourageants grâce à son exposition à l’automobile, seul marché final des semis à tenir.
S&P500 +1,10% – DJ +0,61% – Nasdaq +1,76% – CAC 40 +0,74%
Vendredi
Les données macroéconomiques de la journée (indice de confiance du consommateur de l’université du Michigan, indices de consommation des ménages) vont toujours dans le sens d’un ralentissement modéré de l’économie, mais également des anticipations d’inflation, un scénario relativement bénin pour les marchés qui compense la débâcle Intel : avant l’ouverture, le titre est pré-indiqué en baisse de 10% après une publication de résultats désastreuse puisque le fabricant de semi-conducteurs n’atteint pas ses objectifs au quatrième trimestre, prévoit d’être en pertes au prochain trimestre (sur une base de chiffre d’affaires qui pourrait être à peine équivalente à celui qu’il faisait il y a dix ans), et ne peut s’engager sur des objectifs au-delà du premier trimestre. Les raisons : un ralentissement du marché du PC, mais également de ses autres marchés finaux, datacenters compris, et des déstockages de la part de ses clients. Et une exécution qui laisse à désirer depuis longtemps ?
Adani Group, le conglomérat du milliardaire indien Gautam Adani, quatrième dans la hiérarchie des richesses mondiales, fait l’objet des attaques d’un fonds activiste qui l’accuse de recourir à de nombreuses sociétés écran pour masquer évasion fiscale, détournements de fonds et blanchiment d’argent, entre autres. Nous reviendrons sur le sujet la semaine prochaine, après publication de la réponse détaillée d’Adani.
S&P500 +0,31% – DJ +0,15% – Nasdaq +0,79% – CAC 40 0,02% – indices US c18h
En conclusion une semaine plutôt positive, où les investisseurs se focalisent sur le reflux de l’inflation et le ralentissement modéré de l’économie et ignorent des résultats des entreprises globalement décevants, en particulier aux Etats-Unis.
L’année du lapin
Le 22 janvier a démarré pour les Chinois l’année du lapin d’eau – prospérité, paix et capacité d’adaptation. Pour les vrais lapins en revanche, c’est la crise : il y en a 1389 à vendre sur le site anglais Pets4Home, qui voit malheureusement ses listings s’allonger.
Souvenez-vous, c’était en 2020 et pour surperformer le marché il fallait avoir un assortiment de titres confinement, les Zoom, Docusign, Peloton, Hellofresh etc de la cote dont les valorisations ont atteint des sommets qui paraissent aujourd’hui bien éloignés. Et aussi tous les titres liés aux animaux domestiques, devenus les anxiolytiques du nouveau monde. Le marché des consommables pour animaux avait dépassé les 100 milliards, et le prix des animaux eux-mêmes flambait.
Le retour à la normale et l’inflation ont mis un terme à cette frénésie d’achat, et le prix moyen d’un chien au UK a perdu environ 30% en 2022, pour s’établir un peu au-dessus du niveau pré-pandémique. Pour le Shiba Inu japonais, c’est même moins 50% (toujours mieux que la crypto du même nom). Les titres liés aux animaux domestiques subissent le même sort pour retrouver peut-être des valorisations permettant d’investir dans ce qui, au-delà des engouements transitoires, reste certainement un marché porteur à long terme.
Et pour ceux qui voudraient utiliser l’intelligence artificielle pour sélectionner leurs investissements, la réponse de chatGPT à la question « construis un ETF pour battre le marché US et dis-nous quels titres le composent » est en substance que ce n’est pas possible car le marché est imprévisible, qu’il n’a pas l’expertise nécessaire pour analyser le marché, et que les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Bref, ni mieux ni moins bien que votre conseiller financier.