La macro
L’inflation accélère en Allemagne en mai (+7.9% sur un an). En Espagne, c’est 8.7%. Dans la zone euro, 8.1%. L’indicateur de sentiment économique en zone euro est stable, le taux de chômage pour avril aussi (6.8%). Le chef économiste de la BCE confirme qu’il y aura deux hausses de taux, en juillet et septembre et n’exclut pas une hausse de 0.5%. Nouvelles sanctions contre la Russie avec un embargo contre les importations de pétrole.
Aux Etats-Unis, hausse de 21.2% de l’indice Case-Shiller du prix des maisons. L’ISM manufacturier de mai ressort à 56.1, en légère hausse sur le mois précédent et en territoire d’expansion pour la vingt-quatrième fois d’affilée. Les emplois vacants s’élèvent à 11.4 millions, en léger retrait par rapport au mois précédent. En mai, l’économie américaine a créé 390000 emplois, un peu plus qu’attendu, et les salaires ont augmenté de 5.2%. Début du QT (Quantitative Tightening) le 1er juin. Le bilan de la Fed diminuera de 47.5Md$ par mois pendant trois mois, puis de 95Md$ par mois. Pour une explication brève et limpide du QT, c’est ici.
Au Japon, le taux de chômage baisse encore à 2.5%.
Rebond des PMI manufacturier et non manufacturier en Chine. Fin du confinement général à Shanghai ; les restaurants, clubs de sport, théâtres etc autres restent fermés.
Les sociétés
Le DG de DWS, filiale de gestion d’actifs de Deutsche Bank, a démissionné, au lendemain de perquisitions au siège de la société. Une lanceuse d’alerte avait porté l’attention des autorités sur une commercialisation trompeuse de produits ESG en 2021. L’enquête a montré que les critères ESG, utilisés pour promouvoir un nombre considérable de fonds, n’étaient utilisés que pour une petite partie d’entre eux. Depuis son rôle dans les subprimes entre 2004 et 2008, Deutsche Bank enchaîne les fautes (manipulation du LIBOR, infraction aux sanctions américaines contre l’Iran et la Syrie, blanchiment d’argent russe etc. Pensée émue pour les rédacteurs de la première édition du trimestriel ESG qui figure en première page du site de DB.
Unilever monte de près de 9% à l’annonce de l’arrivée de l’investisseur activiste Nelson Peltz à son conseil d’administration. PDG de Trian Fund Management, Peltz applique une approche de private equity à ses investissements cotés (avec parfois de gros revers, cf GE). Quoi qu’il en soit, la bourse a salué l’opération et Unilever rejoint une écurie déjà bien fournie en valeurs de consommation, le domaine de prédilection de Peltz.
Saint-Gobain annonce anticiper un résultat d’exploitation supérieur à celui de l’année dernière et une marge opérationnelle à deux chiffres au premier semestre, grâce aux tendances favorables de la rénovation en Europe et de la construction dans les zones Amériques et Asie hors Chine. La société confirme ses objectifs annuels, dont on ne sait ce qui, de la précision ou de l’ambition, fait le plus les délices des analystes (progression de la marge opérationnelle à changes constants).
Salesforce, leader mondial de la relation clients (CRM) avec 19.5% de parts de marché, publie de très bons résultats trimestriels (chiffre d’affaires en hausse de 24%, marge opérationnelle retraitée de 17.6%). Marc Benioff déclare ne pas observer d’impact du ralentissement économique sur son activité, mais révise à la baisse les attentes de chiffre d’affaires pour l’année en raison de l’évolution du dollar. Les objectifs de résultat net sont néanmoins revus à la hausse. Salesforce est la société de software avec la plus forte croissance de CA depuis sa création devant Microsoft (et très loin devant SAP). Le DG vise 50Md$ de chiffre d’affaires en 2026. Malgré ces bonnes performances, la société a annoncé ralentir le rythme de ses embauches. Le reste du secteur de la technologie est passé à la vitesse supérieure. Une réaction à rapprocher de l’avertissementenvoyé à ses start ups par l’incubateur Y Combinator il y a deux semaines, leur enjoignant de se préparer au pire.
Elon Musk annonce en fin de semaine dans un email à ses cadres qu’il est très négatif sur l’économie (c’est parfois un bon prétexte pour masquer des problèmes intrinsèques) et doit couper 10% des effectifs de Tesla. Ceux qui télétravaillent ?
Microsoft révise à la baisse ses attentes de chiffre d’affaires et de résultats en raison de la vigueur du dollar. Début d’une tendance. En général, les marchés s’en moquent au début (« ce n’est pas récurrent »). Et un jour, ils sanctionnent (c’est quand même du cashen moins).
Après 14 ans de bons et loyaux services, Sheryl Sandberg quitte la direction de Meta. Une femme de moins dans la tech. Pas pour longtemps on l’espère.
La croissance à tout prix n’est plus récompensée
Selon le Littré, disruption signifie rupture, fracture. Le mot, passablement galvaudé ces dernières années, a été « inventé », dans son acception actuelle, par Jean-Marie Dru au début des années 90 comme méthodologie créative pour ses clients.
Les exemples de concepts « disruptifs » foisonnent. Ceux qui se prennent le mur, à présent que les conditions financières se durcissent, également. Ainsi, Getir, la licorne turque, a disrupté le marché de la livraison de produits du quotidien à domicile. En promettant une livraison en quasi dix minutes. Innovation de rupture, vraiment ? La semaine dernière, elle a annoncé licencier 14% de ses effectifs, rejoignant la longue liste des annonces de ce genre depuis novembre dernier. Dixit Sequoia, l’un des fonds au capital de la société : la croissance à tout prix n’est plus récompensée. Il était temps.