En avoir ou pas

Evolution des indices à la clôture de jeudi (mercredi pour les US)

                         depuis une semaine depuis le début de l’année

CAC 40                               2%                                  -6%

S&P500                               2%                                  -18%

Dow Jones                       2%                                   7%

Nasdaq                               1%                                 -18%

La macro

Aux Etats-Unis, PMI en baisse, demandes d’allocation chômage en hausse, confiance du consommateur en forte baisse, les signes de ralentissement abondent cette semaine. D’ailleurs, les minutes de la Fed signalent un ralentissement prochain des hausses de taux. Celle de décembre pourrait être limitée à 0,5%, mais quelques officiels évoquent néanmoins un taux final plus élevé qu’attendu jusqu’ici. Même les demandes de licence de bateaux à moteur sont en baisse de 23% en octobre. Quand on vous dit que ça va mal.

L’augmentation des prix à la production industrielle en Allemagne ralentit à 34,5%. Les PMI des deux principales économies européennes, la France et l’Allemagne, passent en territoire de contraction. L’OCDE attend 0,6% de croissance du PIB en 2023 pour la première, une contraction de 0,3% pour la seconde. La confiance du consommateur, en revanche, se reprend nettement dans la zone €, et l’indice IFO allemand (sentiment des dirigeants d’entreprises) remonte également. La BCE juge que le ralentissement économique ne suffira pas à faire baisser l’inflation. Enfin, les prix de l’immobilier en Suède ont baissé de 14% depuis leur pic atteint plus tôt cette année. Une baisse plus violente qu’en 1991. 

L’OCDE prévoit un ralentissement de la croissance mondiale à 2,2% en 2023.

Les cas de covid en Chine dépassent leur niveau d’avril. 

Les sociétés

Les cycles raccourcissent : la visioconférence est devenue une commodité en moins de deux ans, et le cycle start up – société de croissance – value trap prend moins de 10 ans. Zoom en fait les frais. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 5%, tiré par le segment BtoB (+20%), au sein duquel 3286 clients dépensent plus de 100 000$/an sur la plateforme, une marge opérationnelle en baisse en raison des investissements en R&D et marketing, mais néanmoins confortable à 34,6%, un résultat net supérieur aux attentes et une trésorerie de 5,2Md$, la société n’affiche pas les indicateurs typiques de la start up covid. Néanmoins, les objectifs 2023 (7% de croissance de CA après 1,5% d’effet devises négatif) ne sont pas suffisants pour provoquer un rebond du titre, en baisse de près de 60% depuis le début de l’année, 85% depuis son plus-haut d’octobre 2020.

Le principal assembleur des produits d’Apple, le taiwanais Foxconn, fait face à des émeutes sur son site de Zhengzhou, qui emploie 200 000 personnes et représente 50 à 60% de sa capacité d’assemblage d’iPhones de Foxconn (et 80% de la production de l’iPhone 14). Le conflit porte sur les salaires et les restrictions covid.

HP annonce 6000 suppressions de postes. Les licenciements dans la tech US retrouvent en novembre leur niveau du deuxième trimestre 2020.

Des articles de presse évoquent un blocage par la FTC (l’anti-trust américain) de l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft. L’Europe lancerait une enquête également.

Rebond de la consommation discrétionnaire : Best Buy, le distributeur de produits électroniques, publie des résultats supérieurs aux attentes (avec pourtant des ventes à périmètre constant en baisse de 10% et un BPA en baisse de 33%) et signe la plus forte hausse du S&P500 le jour de la publication ; Dick’s Sporting Goods surprend positivement malgré des résultats en retrait de 18% ; le titre du distributeur de vêtements American Eagle Outfitters prend 18% sur la publication ; seul Guess so 90s, remember? _ figure dans les déceptions de la semaine.

Le directeur général de Disney, Bob Chapek, est limogé après deux années à la tête du groupe marquées par de nombreuses controverses et un cours de bourse très déprimé. Bob Iger, 71 ans, auteur du retournement de la société entre 2005 et 2020, reprend les rênes pour deux ans.

Selon S&P Global, les commerçants américains s’attendent à un Black Friday en demi-teinte : les ventes pourraient baisser en volume cette année, pour la première fois depuis 2009.

L’introduction en bourse à Riyadh et Abu Dhabi de l’opérateur de KFC et Pizza Hut au Moyen Orient, Americana, a drainé 105Md$ d’ordres pour une levée de 1,8Md$.

Credit Suisse affiche une perte nette de 5,9MdCHF au cours des 9 premiers mois de l’année et fait face à d’importants retraits de fonds.

En avoir ou pas 

Les introductions en bourse sont en baisse de 44% dans le monde cette année. On l’a vu plus haut, le Moyen Orient tire son épingle du jeu (+51% sur le nombre d’opérations, +209% sur les montants levés), tandis que l’Europe affiche -76% en montants levés. Indépendamment des conditions de marché, institutionnels et émetteurs privilégient depuis quelques années le non coté au coté. Les institutionnels y voient l’avantage d’une moindre volatilité, en ne sous-estimant pas on l’espère les inconvénients du manque de liquidité : en bref, le « mark-to-market » ne s’applique pas puisqu’il n’y a pas de marché. Pour les émetteurs, c’est une baisse de la charge administrative et des frais, contrepartie d’une réglementation plus souple.

Cette semaine, lors du Campus Tech Leaders organisé par Euronext, le gouvernement français a dévoilé ses objectifs pour la place : 10 introductions en bourse de licornes françaises à Paris d’ici 2025, dont 2 avec une valorisation supérieure à 5Md€ (c’est malheureux mais il n’y a rien dans le lexique entre licorne et décacorne).  En mobilisant 1Md€ de fonds publics à travers Bpifrance et la Caisse des Dépôts, en demandant le soutien des grands gérants d’actifs, et même potentiellement en « autorisant les droits de vote multiples pour les sociétés cotées, pour permettre au management des licornes françaises de conserver le contrôle effectif de leurs entreprises après leur cotation au même titre que pour les entreprises non cotées ». C’est sûr que si l’on fait converger le cadre réglementaire du coté avec celui du non coté la vie des entreprises va être plus simple… une nouvelle définition du G d’ESG ?